Auteur de roman à l'eau de rose, Inès est en
panne d'inspiration, suite à un traumatisme provoqué par
une tentative de viol. Depuis, elle s'est isolée dans un
chalet de montagne, coupée du monde, indifférente aux injonctions
de son banquier et de son éditrice qui s'impatientent. Rêveuse,
effacée, elle prend rarement part à l'effervescence de son
milieu, se contentant de sa solitude, se déconnectant de
la réalité en voulant toujours croire au grand amour et
au prince charmant, avec ce même romantisme que les héroïnes
de ses romans.
Au cours d'un cocktail littéraire,
l'occasion s'offre à Inès de pouvoir renouer avec le succès.
On lui propose en effet de rédiger la biographie du richissime
et mystérieux producteur Jean Vernier. Pour Inès, c'est
une opportunité sans précédent. Elle accepte l'invitation
de Jean Vernier, séducteur cynique et égocentrique qui,
pour l'occasion, lui ouvre les portes de son château cathare,
dans les Pyrénées Orientales. A la grande surprise d'Inès,
d'autres invités s'y trouvent déjà. Elle est la huitième
personne d'un groupe pittoresque et inquiétant, tous de
milieux différents, qui ne se connaissent pas mais qui ont
un même et seul objectif : obtenir gloire et fortune grâce
à l'influence de leur hôte, et prêts à tout pour y parvenir.
Elle devra côtoyer des personnages aussi torturés que pervers,
aux sombres desseins, et sa troublante beauté fera des ravages,
déchaînant les pulsions les plus primitives. Huit clos sensuel
et oppressant qui durera une longue semaine, loin de toute
civilisation, dans un château perdu au milieu des vignes.
Inès devra partager leurs rancœurs et leurs intrigues, leurs
vices et leurs turpitudes, lancée malgré elle dans un tourbillon
de passions inavouables et exacerbées, et sans possibilité
d'y échapper. Elle sympathisera avec Claire, jeune actrice
trop vite en haut de l'affiche et aussi vite en perte de
vitesse, qui a répondu à l'invitation un peu contrainte
et forcée. Elle trouvera également en Maria une alliée précieuse.
Chanteuse espagnole à la réputation sulfureuse, c'est une
séductrice redoutable qui prend tout aux hommes sans jamais
rien leur donner, à partir de l'instant où ils peuvent lui
permettre d'atteindre ses objectifs. Par la force des choses,
Inès devra malheureusement côtoyer Victor, un alpiniste
bourru et taciturne, aux pulsions aussi incontrôlables que
dangereuses, et aussi la célèbre journaliste Gabrielle,
figure emblématique et médiatique de la Jet Set, femme aigrie
et calculatrice, aux ambitions aussi démesurées que ses
appétits sexuels, surtout lorsqu'elle peut assouvir ces
derniers avec les femmes. Il y' a aussi Corinne, lolita
rockeuse qui joue de son image provoc de rebelle déjantée
jusqu'à outrance ; Patrice, footballeur et mannequin en
vogue, trop gentil et maniéré pour être honnête, dont le
seul souhait est de se reconvertir dans le cinéma pour mieux
flatter son égo. Et enfin Marc, jeune réalisateur dont la
timidité maladive dissimule un esprit tourmenté, et dont
le génie égal la folie.
Très vite, Inès sera au centre
des manigances et des rivalités amoureuses. Mais ce qu'elle
ignore, et les autres aussi, est qu'ils sont tous les jouets
innocents d'un jeu pervers orchestré par Jean Vernier et
quelques milliardaires décadents. Joueurs et parieurs invétérés,
ces derniers ourdissent des complots, misant gros sur l'attirance
et la création des couples. Grâce à un système complexe
et sophistiqué de caméras vidéos dissimulés dans toutes
les pièces, ils peuvent observer à loisirs l'évolution de
leurs pièges, l'aboutissement de leurs paris. Ils ne reculeront
devant aucun moyen pour assouvir leurs désirs, provoquant
toutes les tentations, attisant les démons et péchés mignons
des uns et des autres, enflammant les corps et les esprits,
et beaucoup ne résisteront pas à cette atmosphère trouble
et érotique. Seules deux femmes, au début, ne céderont pas
à cette volupté étouffante : Claire et Inès. Cette dernière,
émouvante en femme pure et fragile, sera le pion favori
de son hôte. Il rivalisera d'ingéniosité pour la séduire,
cherchant en même temps à la jeter dans les bras de la volcanique
Gabrielle. Claire, quant à elle, sera sacrifiée aux tentatives
perverses auxquelles se livrent les joueurs amoraux, et
elle y résistera un moment pour mieux y succomber…
Chassés-croisés amoureux
et plaisirs interdits pour les huit convives qui, manipulés,
connaîtront mille tentations et tourments lascifs, où tous
les coups sont permis pour les faire céder aux voluptés
les plus effrénées…
CHAPITRE 1
Une magnifique jeune femme
court à perdre haleine sur le sable fin d'une plage bordée
de cocotiers. Elle se précipite à la rencontre d'un beau
cavalier qui, empressé de la retrouver également, donne
de furieux coups de talons sur les flancs d'un superbe étalon
noir. A quelques pas de la femme, il stoppe l'élan fougueux
de son cheval, met vivement pied à terre pour l'accueillir
dans ses bras ouverts. Elle s'y jette éperdument avec un
rire de bonheur. Le couple s'embrasse avec passion, tendrement
enlacé, tournoyant au bord de l'eau. Ils sont seuls, isolés
et les plus heureux du monde dans un décor paradisiaque
qui renforce l'aspect romantique et onirique de cette scène.
Une douce mélodie accompagne les étreintes du couple.
Le mot "Fin" apparaît brusquement
sur l'écran de l'ordinateur.
C'est Inès qui vient de finir
les dernières lignes de son nouveau roman à l'eau de rose.
Le visage ruisselant de larmes, elle se mord les lèvres
en levant les yeux au plafond, bouleversée par ce qu'elle
vient de taper. Elle ne peut contenir d'autres sanglots
alors qu'elle se relit. Elle clique sur "enregistrer" puis,
à regret, éteint son ordinateur, quitte son bureau et se
dirige vers sa bibliothèque où sont alignés tous les livres
qu'elle a écrit, et qui ont fait sa gloire. Tout en s'essuyant
les yeux du revers de la main, elle contemple rêveusement
toutes ses œuvres, les effleure du bout des doigts avec
une affection toute particulière. Elle se rend ensuite dans
la cuisine, se sert un verre d'eau, puis passe par la baie
vitrée pour se rendre dans son jardin.
Vue aérienne de sa maison,
isolée dans une forêt de moyenne montagne. Elle habite dans
un immense chalet. L'entrée est en vieille pierre, mais
tout le reste de la façade est habillé de bardage et de
bois, avec de grandes baies vitrées et un toit à double
pente. Une originalité architecturale qui mélange l'esprit
rustique savoyard et la modernité.
Inès passe sous une tonnelle
pour gagner un splendide jardin parsemé de fleurs – un havre
de paix, multicolore et parfumé, parfaitement entretenu.
Elle inspecte sereinement son sanctuaire, avec ravissement.
Le moment n'est pas à l'entretien, mais à de secrètes pensées
qui lui font prolonger sa promenade solitaire en toute quiétude.
Elle caresse ses roses avec délicatesse, renifle ses fleurs
les plus odorantes avec un ineffable bonheur. Tout dans
son comportement révèle une grande douceur, une sensibilité
à fleur de peau, un caractère fragile et indépendant. Cet
esprit romantique, cet attachement à une époque révolue
et surannée, se confirmera dans tout ce qu'elle entreprendra
par la suite. Sa tenue vestimentaire le prouve également,
une longue robe toute simple en coton, imprimée de fleurs
rouges et de motifs démodés. Mais même ainsi vêtue, Inès
est divinement sexy, un délicieux bouquet de séduction et
de volupté. C'est une femme terriblement attirante, auréolée
d'une grâce juvénile et d'une innocence touchante, avec
des formes harmonieuses et sensuelles. Comme son prénom
l'indique, elle est d'origine espagnole. Sa chevelure est
noire et épaisse, sa peau brune et luisante dans les éclats
ardents du soleil, ses yeux immenses et sombres à s'y noyer,
avec des cils épais. Son visage est celui d'une enfant presque,
avec des traits fins et délicats, un nez étroit, des lèvres
pleines et joliment ciselés en forme de cœur.
Ses pensées vagabondes sont
interrompues par une sonnerie. Souple et légère, elle court
ouvrir. Une femme bourgeoise et excentrique entre d'un pas
décidé.
-" Inès, quand vas-tu te
décider à sortir de ce trou perdu ? J'angoisse rien qu'à
l'idée de tomber en panne en plein milieu de cette forêt
sauvage. Il faut vraiment que je tienne à toi pour venir
jusqu'ici."
-" Bonjour, Julie."
-" Oui, oui, bonjour. Excuse-moi,
je suis encore sous le choc."
-" Tu n'as rien à craindre,
tu sais. Il n'y a pas de loups ici, ni aucune autres bêtes
affamées… Juste quelques renards sans doute plus effrayés
que toi."
-" Des renards, quelle horreur
! Et s'ils avaient la rage ?"
Inès éclate de rire. Les
allures précieuses de son amie l'amuse. Exaspérée, celle-ci
ne cesse de lui faire des reproches sur son entêtement à
vouloir s'enterrer en pleine montagne.
-" Ma chérie, tu as les moyens
de vivre dans un somptueux appartement en plein cœur de
Paris, alors fais moi plaisir, fous le camp d'ici. A quoi
sert tout cet argent que tu gagnes ? C'est à se le demander
!"
-" Que veux-tu que je fasse
à paris ? Je déteste les mondanités, je laisse la gloire
et les paillettes pour les gens en quête de célébrité facile,
qui veulent se montrer et pavaner. Tu sais bien que tout
ça me met mal à l'aise, et il n'y a qu'ici où je peux écrire.
J'ai besoin de calme, de solitude, d'être proche de mes
racines, la famille, les amis d'enfance, de rester en contact
permanent avec mes origines. C'est la source même de l'inspiration,
c'est la clef de mon succès. Enlève- moi ces plaisirs simples
et je ne serai plus capable d'écrire une ligne. A moins
que tu ne préfères que je devienne un écrivain raté ?"
-" Tu rigoles ou quoi ! Je
suis ton amie, mais avant tout ta directrice d'édition.
Plus tes romans ont du succès et plus je gagne de l'argent.
Ils se vendent tous à des millions d'exemplaire, sauf le
dernier qui n'a pas trop bien marché, mais cela arrive à
tout le monde de traverser une mauvaise passe… Tu vas remonter
la pente, j'ai confiance, surtout avec celui que tu écris
en ce moment, il va casser la baraque, je compte bien te
faire passer la barre des vingt millions avec celui-ci.
Au fait, où en est-il ? Tu l'as bientôt fini j'espère ?"
-" Oui, je viens de le terminer
à l'instant. Deux ou trois petites corrections et je te
le remets aussitôt."
-" Parfait. Oh ! Toi, tu as
pleuré, tu as les yeux tout rouge ?"
Inès esquisse un sourire
contrit.
-" C'est rien, ça va passer…"
Devant le regard interrogateur
et insistant de Julie, elle s'explique :
-" Bon, j'avoue, c'est le
dénouement de mon roman qui m'a un peu ému. Je suis une
éternelle sentimentale, on ne se refait pas !"
-" Ma pauvre chérie, tu es
née un siècle trop tard ! Toutes ces valeurs auxquelles
tu crois éperdument n'existent plus, reviens un peu sur
terre. Et, des fois, tu m'inquiètes vraiment à vivre de
façon si intense tout ce que tu écris, tu t'enfermes dans
un monde onirique, tu te fais du mal à vivre toutes ces
histoires d'amour par procuration. Tu es jeune, belle, désirable,
apprends à sortir et à goûter réellement aux plaisirs de
la vie. Mais pour ça, avant tout, quitte ce bled paumé,
ce ne sont pas les bouseux du coin qui vont faire battre
ton petit cœur si romantique, aucun prince charmant ne viendra
frapper à ta porte ! Tu risques d'attendre longtemps, tu
vas finir vieille fille, crois-moi…"
-" Mieux vaut vivre seule
que mal accompagnée. Ce n'est pas toi, après ton deuxième
divorce, qui me dira le contraire ?"
-" Touchée, coulée !"
Elles rient en même temps.
Inès lui propose à boire, Julie accepte avec joie un Martini.
En constatant que son amie ne l'accompagne pas, elle la
taquine gentiment.
-" Ma chérie, prends un verre
d'alcool, ça te décoincera un peu. Tu ne te lâches donc
jamais ?"
-" Je ne tiens pas l'alcool.
Un jus d'orange ira très bien."
Julie hausse les épaules
avec résignation. Elles s'installent dans le salon, s'asseyant
l'une en face de l'autre. Julie abandonne ses manières démonstratives
et exubérantes pour afficher un air un peu plus sérieux.
-" Comme je te l'ai dit au
téléphone, j'ai une affaire en or à te proposer. Un scoop
sans précédent, qui pourrait avoir des retombées faramineuses.
Je devais t'en parler de vive voix, c'est une occasion comme
il ne s'en présente qu'une seule fois dans sa vie, et il
faut la saisir sans la moindre hésitation, tu m'entends
? Je suis là pour te convaincre, tu ne peux pas imaginer
ce que cela me coûte de quitter Paris et ses folies nocturnes.
J'espère que tu apprécies à sa juste valeur l'ampleur de
mon sacrifice, alors ne me déçois pas."
-" Je suis flattée que tu
m'accordes tant d'importance" lui répond Inès avec une pointe
d'ironie.
-" Bon, venons-en aux faits.
Tu connais évidemment le producteur Jean Vernier ?"
-" Bien sûr, qui ne le connaît
pas. Le richissime et mystérieux Jean Verdier a toujours
fait couler beaucoup d'encre, il est autant adulé que contesté,
et qu'il soit aimé ou détesté ne l'empêche pas d'être un
mythe vivant du cinéma français, un personnage charismatique
et fascinant. Producteur, distributeur, homme d'affaires
redouté, il a bâti un véritable empire autour du cinéma
populaire, on lui doit nos plus grands classiques et les
plus grands succès commerciaux de ces vingt dernières années.
Il n'y a pas un jour sans qu'on le voit dans des magazines
ou à la télé, mais malgré cette notoriété, c'est un homme
très énigmatique, il a toujours préservé jalousement sa
vie privée, et toutes sortes de bruits courent sur lui.
Certains disent que c'est l'être le plus cynique et le plus
prétentieux qui existe, d'autres l'accusent d'être un véritable
débauché, et certains restent persuadés qu'il est bel et
bien cet l'assassin dont on l'accusa il y'a quelques années.
Il a été innocenté pour le meurtre de sa deuxième épouse,
mais certains soupçons pèsent toujours sur lui, il est fort
probable qu'il en fût l'investigateur. Mais je ne suis pas
habilitée à porter le moindre jugement, je ne le connais
pas suffisamment pour ça."
-" Donne-moi quand même ton
avis personnel. Que penses-tu de lui ?"
-" Il est certain que je n'appartiendrai
jamais à son fan club. Je le trouve présomptueux et arrogant,
et il cultive cette vanité avec un art inimitable. Mais
je me trompe peut-être, les apparences peuvent être trompeuses,
comme je te l'ai dit je ne le connais pas personnellement."
-" Et bien justement, voilé
une lacune qui peut être réparée. Figure-toi qu'il est prêt
à t'accorder l'exclusivité sur toute sa vie, de sa jeunesse
tumultueuse à sa rencontre avec Catherine. Il veut surtout
lever le voile sur cette sombre affaire, leur véritable
histoire d'amour et les circonstances affreuses dans lesquelles
elle a perdu la vie, et pourquoi on l'a soupçonné à tort.
Il est prêt à se dévoiler, à se mette à nu, à te livrer
ses failles et ses faiblesses les plus profondes pour te
permettre d'écrire ce qui sera la biographie la plus passionnante
de ce siècle. Tout, quoi ! N'est-ce pas formidable ?"
Inès ne peut dissimuler son
étonnement.
-" Pourquoi moi ?"
-" Je ne sais pas, et je m'en
fous littéralement. Il t'a choisie, c'est ça le plus important."
Devant l'air méfiant d'Inès,
elle réfrène son exaspération et continue sur sa lancée.
-" Il doit aimer ton style,
ou il t'a aperçue lors d'une de tes rares interviews et
tu lui as tapé dans l'œil. Je n'en sais rien… C'est son
secrétaire particulier qui m'a téléphoné, crois-moi que
j'en suis restée sur le cul lorsqu'il m'a demandé tes coordonnées.
J'ai refusé, faisant valoir mon rôle de responsable et d'éditrice,
et c'est alors qu'il m'a parlé de ce projet, avec une telle
insistance que j'ai compris que c'était vraiment sérieux.
Tu me connais, je suis dure en affaire, j'ai négocié comme
il se devait, et le poisson est ferré. Toi et moi sommes
invitées à une réception, dans cinq jours. Tu y rencontreras
Monsieur Vernier en personne, et pour conclure cette association
il semble tout disposé à t'ouvrir pendant plusieurs semaines
les portes de son château cathare. Alors, qu'est-ce qu'on
dit à son éditrice préférée ?"
Inès ne paraît pas emballée.
Inquiète, elle demande :
-" Et cette réception, elle
est où ?"
Julie semble appréhender
sa réaction en répondant faiblement :
-" A Paris."
Et elle ajoute vivement :
-" Mais je te promets de
m'occuper de tout, de A à Z. Avion en 1ére classe, chauffeur
privé à ton entière disposition, pas une seule seconde tu
seras toute seule et…"
-" Il en est hors de question
!"
-" Si tu veux, je viendrai
moi-même t'accueillir à l'aéroport, je te dorloterai comme
une princesse… Je t'en prie, ne me fais pas ça… C'est une
question d'une nuit, le lendemain matin tu seras de retour
chez toi à une telle vitesse que tu auras eu l'impression
d'avoir rêvée tout ça."
-" Non, non et non ! Ne me
parle pas de rêve, c'est un véritable cauchemar que tu veux
me faire subir ! Je déteste Paris, j'exècre Paris ! La capitale
m'oppresse, m'étouffe, c'est une appréhension que j'ai depuis
cette agression, tu en connais parfaitement les causes et
tu ne peux pas m'obliger à affronter une telle épreuve…
C'est au-dessus de mes forces, Paris me rappelle trop de
mauvais souvenirs."
Elle est réellement paniquée,
tétanisée par de terribles angoisses. Un traumatisme dont
elle n'est pas prête de se libérer, mais Julie tente d'amoindrir
la gravité de la situation.
-" Chérie, débarrasse-toi
du passé, tire un trait sur cet événement qui t'empêche
d'aller de l'avant. Cela fait trois ans que ça s'est passé,
tourne la page, et pour t'aider à oublier dis-toi que cela
aurait pu être pire, tes agresseurs n'ont pas réussis à
aller jusqu'au bout, tu as été sauvée in-extremis par la
police qui, pour une fois, est intervenue à temps. Allez,
je t'en prie, fais un effort…"
-" Julie, le sujet est clos.
Rien ne me fera changer d'avis " dit Inès avec détermination.
On la retrouve vêtue d'une
longue robe du soir, splendide en noire, avec fantaisies
de dentelles et volants qui donnent à sa tenue des airs
romantiques. Elle est perdue et désorientée dans un immense
salon de luxe où se bousculent et s'interpellent de nombreux
invités distingués, tous très à l'aise dans ce genre de
festivités mondaines. Elle est sauvée de l'ennui par Julie
qui, de loin, lui fait signe de venir la rejoindre. Elle
lui présente le producteur Vernier. C'est un bel homme,
grand et élancé, avec de la prestance. La mine hautaine
et fière, il accapare plusieurs femmes de ses paroles pompeuses
et de grands gestes théâtrales. Il s'interrompt malgré tout
lorsque Julie s'avance en tenant fermement Inès par le bras.
Cette dernière donne l'impression de vouloir prendre les
jambes à son cou et de s'enfuir le plus loin possible d'ici.
-" Enfin, la grande et secrète
Inès ! J'ai le grand privilège de vous approcher de prés,
on vous dit si sauvage et si inaccessible ! J'espère que
cette réputation est erronée ?"
-" Non, elle est authentique.
Je ne m'apprivoise qu'avec les personnes qui en vaillent
vraiment la peine, et Dieu sait qu'ils sont rares."
-" Diable, voilà pourquoi
vous vivez recluse au fin fond de votre forêt, un éphémère
refuge pour une indomptable biche effarouchée. Quel gâchis,
une si jolie femme, si intelligente et pleine de talent.
En tout cas, vos romans sont à l'image même de votre personnalité,
si naïfs, si purs, pleins de bonnes intentions qui vous
vont à ravir."
-" lls restent purs et intacts
parce ce que, comme moi, ils savent se tenir à l'écart de
la déchéance humaine et de toute cette hypocrisie qui corrompt
notre société. Une société qui a perdu toutes ses valeurs,
ce que je déplore. C'est cette authenticité et cette quête
d'absolu qui font la force de mes romans, et je suis fière
de garder espoir sur le destin des hommes et des femmes,
même les plus vils."
Décidément, le courant ne
passe pas. Inès semble agacée par l'assurance condescendante
et moqueuse de son hôte. Celui-ci s'amuse à la piquer, ravi
d'avoir en face de lui une femme qui ne se laisse pas impressionner
et lui damne sérieusement le pion. Charmé, il s'exclame
:
-" Mais j'adore, tout au
contraire ! De l'épopée romantique, du souffle épique, voilà
ce qu'il me faut, il n'y en aura jamais assez pour raconter
toute mon histoire, la vraie, la seule, l'unique… De l'émotion
et du romanesque ne pourront qu'atténuer certains côtés
sombres de ce passé que j'aimerais tant exorciser en racontant
haut et fort la vérité, une vérité que votre plume et votre
talent sauront si bien sublimer et transcender. Si vous
acceptez mon offre, bien entendu…"
Julie, qui était alors crispée
en assistant avec impuissance à des joutes verbales qui
n'envisageaient rien de bon, semble se détendre peu à peu.
La conversation prend une tournure plus amicale. Souriante,
elle s'empresse d'intervenir :
-" Bien sûr qu'elle accepte,
tous les détails sont réglés. N'est-ce pas, ma chérie ?"
-" Faut voir… L'invitation
est pour quand ?"
-" Ce week-end, pour une semaine.
Je vous en prie, acceptez et vous ne le regretterez pas."
Un sourire énigmatique étire
les lèvres d'Inès.
-" Julie a les coordonnées
de votre secrétaire, je ne tarderai donc pas à vous transmettre
ma réponse. Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps
précieux."
Espiègle, elle lui tourne
le dos et se dirige vers le bar. Vernier la suit des yeux
avec le regard du prédateur sûr de sa victoire, mais une
expression à la fois admirative et intriguée illumine son
visage d'un sentiment nouveau. Inès disparaît dans la foule,
suivie de prés par Julie qui tourne autour d'elle en caquetant
comme une hystérique :
-" Tu es folle ou quoi, qu'est-ce
qui t'a pris ?"
-" Ne t'inquiète pas, ma réponse
est oui. Mais laissons ce prétentieux dans l'incertitude,
il a tellement l'habitude de tout obtenir que cela ne lui
fera pas de mal de mijoter un peu dans son jus."
Rassurée, Julie saisit une
coupe de champagne qu'elle boit d'un trait. Inès s'informe
auprès d'un serveur s'il y'a des boissons non alcoolisées,
et selon les conseils de ce dernier trempe les lèvres dans
un cocktail à base de jus de fruits.
-" Hmm, excellent."
Julie hoche la tête avec
désapprobation.
-" Inès, tu pourrais faire
un effort pour une fois. Bouleverse tes habitudes et fêtons
l'événement comme il se doit, en nous saoulant et en nous
amusant comme des folles !"
Devant l'air grave de son
amie, elle se désespère.
-" Inès, tu es triste à mourir
! Comment peut-on être si sérieuse et si conventionnelle
?"
-" Désolée, mais même si j'en
ai envie je ne peux transgresser cette règle d'or : ne jamais
boire d'alcool. Si je le fais, je deviens une véritable
catastrophe ambulante, je perds le contrôle et je commets
les actes les plus délirants qui existent, sans m'en rendre
compte. Le pire, c'est qu'après je ne me souviens plus de
rien, ce qui vaut sans doute mieux quand j'ai ensuite connaissance
des dégâts que j'ai occasionnés. Crois-moi, pas une goutte
d'alcool et tout le monde s'en portera mieux !"
-" A ce point ?"
-" Oh, que oui ! A seize ans,
pour ma première cuite à la sangria, je me suis retrouvée
nue comme Eve à sauter comme un cabris dans toute la maison
de mon petit ami. Lui était aux anges, mais ses parents
beaucoup moins… Scandale et rupture à la première heure
du matin. Et pour fêter mon permis, j'ai échappé de justesse
à un viol collectif tellement je me suis montrée aguicheuse
et impudique, provoquant tous les mâles du bar après avoir
ingurgité imprudemment quelques bières. Et de tout cela,
je n'ai aucun souvenir, mais les amis qui m'accompagnaient
s'en souviennent encore, surtout ceux qui se sont interposés
et pris des coups pour calmer les esprits échauffés. Je
n'ai aucune envie de remettre ça."
-" Dommage, j'aimerai bien
voir la trop sage Inès se lâcher complètement, je donnerai
cher pour assister à un tel spectacle."
-" Dans une autre vie, certainement…"
-" Dommage… Il y'a en toi
un feu secret qui brûle, mais tu refuses de te laisser enflammer."
-" Oh, non, pitié, ne recommence
pas avec ta psychologie à trois sous : Lâche du lest, profite
de la vie, laisse-toi aller… tu radotes ma pauvre Julie,
le disque est rayé !"
-" Si seulement tu suivais
mes conseils, je pourrai enfin assister à ta métamorphose,
à une renaissance, pour ton plus grand bonheur…"
Inès ne l'écoute plus, intriguée
par une petite femme dynamique aux prises avec deux hommes
qui vocifèrent bruyamment. Sans se démonter, elle leur tient
tête. Calme, posée, elle les interrompt pour affirmer fermement.
-" Faux, et archi faux !
Vous dites n'importe quoi, messieurs !"
Le bruit ambiant l'empêche
de suivre la conversation, mais peu importe. D'emblée, ce
qu'elle apprécie chez cette femme, c'est sa façon de les
affronter, seule contre tous, sans vulgarité ou exubérance,
mais avec une fermeté et une assurance qui semblent les
déstabiliser. Julie suit son regard avant de s'enquérir
:
-" Tu la reconnais ?"
-" Bien sûr. C'est l'actrice
Claire Broustal. J'aime beaucoup ce qu'elle fait."
-" Cela ne m'étonne pas, vous
vous ressemblez un peu toutes les deux. Radicale, atypique,
discrète, elle refuse de se laisser broyer par le système
cinématographique et mène sa barque indépendamment, en toute
liberté. Pourtant, elle aurait pu prendre la grosse tête
après le succès phénoménal de son film " Juillet Assassin",
mais elle a choisi son camp en tournant plutôt dans des
petits films intimistes qui ont eu de bonnes critiques.
Malheureusement, le 7éme art l'a un peu boudé ces derniers
temps, et son rôle dans la prochaine production de Jean
Verdier lui permettra j'espère de renouer avec le succès."
-" J'ignorais tout cela, mais
elle n'en est que plus sympathique. Elle vient de se marier,
non ?"
Julie répond sur un ton maussade.
-" Oui, avec un photographe
tristement inconnu. Ils ont eu une fille je crois… Bref,
voilà une femme bien dans sa tête et bien dans ses baskets.
Maman comblée, amoureuse sereine, une vie saine et tranquille,
que demander de plus ?"
-" Je sens une pointe de dédain
dans ta voix."
-" Evidemment, elle aurait
pu tout avoir ! Villa de rêve, gloire et fortune, tourner
avec les plus grands et se marier avec un milliardaire,
mais elle a tourné le dos à tout ça pour choisir une vie
simple et banale, pour ne pas dire médiocre… Ce genre de
comportement stupide me dépassera toujours !"
- Julie, le bonheur ne se
limite pas à toutes ces considérations superficielles, mais
te faire comprendre cette dure réalité est un combat perdu
d'avance, alors autant en rester là…"
Julie la regarde sans comprendre.
Elle hausse les épaules, puis s'agite sur place en jetant
des regards fébriles tout autour d'elle, adressant sourires
et grands gestes amicaux à de nombreuses personnes. Inès
sourit avec sollicitude.
-" Julie, va retrouver tes
amis, tu en meures d'envie. Je saurais me débrouiller très
bien toute seule."
-" Vraiment ?"
-" Si je te le dis."
Julie ne se fait pas prier,
se précipitant sur un couple aristocrate qui l'accueille
avec une effusion exagérée. Amusée, elle les observe un
instant puis reporte son attention sur Claire. Celle-ci
sent son regard, tourne la tête et lui adresse un sourire
chaleureux. Cela encourage Inès à venir à sa rencontre.
-" Vous avez enfin réussi
à vous débarrasser de vos prétendants ?"
-" Quelle bande de petits
cons prétentieux ! Ils sont beaux, jeunes, riches, et du
coup se croient irrésistibles. Ils ne peuvent pas s'empêcher
de vous impressionner en étalant leur fortune, la marque
de leur voiture, la superficie habitable de leur maison,
tous les voyages qu'ils effectuent, tout ça en étant persuadés
que les femmes vont leur tomber pâmées et ébahies dans les
bras. Avec moi, c'est tout le contraire. Plus ils se ventent
et plus ils perdent tout espoir de m'intéresser."
-" Alors là, je vous donne
raison à cent pour cent. C'est le genre de soirées que je
déteste, une triste caricature du pouvoir et de l'argent
qui en devient franchement pitoyable."
-" Au moins, cela a le mérite
de nous faire rire et de ne surtout pas vouloir leur ressembler.
Quelque part, c'est rassurant."
Elles éclatent de rire en
même temps. Inès est conquise, excitée comme une enfant
qui vient de se faire une nouvelle amie et à qui cela n'arrive
pas souvent. D'emblée, Claire inspire confiance par sa franchise
et sa joie de vivre. Jolie, pas très grande mais délicieusement
proportionnée, elle pétille de malice et de fantaisie. Blonde,
les cheveux en pétard, yeux noisettes et faussettes espiègles
autour d'une bouche enfantine, elle est nature et spontanée.
Elle se présente ensuite.
-" Claire Broustal."
-" Je sais. Inès Genest."
-" L'écrivain ? Alors là,
bravo, vos romans sont un vrai bain de jouvence, de la douceur
dans un monde de brutes."
-" Merci, ça fait plaisir
à entendre."
-" Je suis sincère. Faire
votre connaissance restera le seul bon souvenir que je garderai
de cette soirée. C'est mon agent qui m'a traîné ici, et
ce n'est pas tout car je suis maintenant obligée d'accepter
une invitation de sa seigneurie Vernier dans son château,
rien que ça… Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour sa carrière
!"
-" Mais c'est génial, moi
aussi je dois m'y rendre, la semaine prochaine."
-" Comme moi ! Voilà qui me
rend cette corvée beaucoup moins pénible. Et je n'exagère
pas en parlant de corvée, c'est pour moi une épreuve terrible
et inimaginable de me séparer de mon mari et de ma fille,
personne ne peut imaginer ce que cela me coûte."
-" Pourquoi alors avoir acceptée
?"
-" Je n'ai pas eu trop le
choix, on a fait pression sur mon agent, sur moi ensuite,
en me faisant comprendre que refuser était mettre un terme
définitif à ma carrière, que toutes les portes se fermeraient
de façon irrémédiable. Et puis, après réflexion, je me suis
dit qu'une semaine retranchée dans un somptueux château
n'était pas la mer à boire, il y' a bien pire… Enfin, c'est
ce que je m'efforce de croire pour me donner du courage.
Votre présence là-bas change bien des choses, un visage
ami sera le bienvenu, peut-être après tout ne vais-je pas
m'ennuyer comme je le craignais."
-" Je veux, oui ! Vous allez
voir, à nous deux nous allons bousculer les manières précieuses
de ce joli petit monde, et nous amuser comme des folles
à leurs dépens !"
Elles trinquent en échangeant
un regard complice.
Inès se retrouve dans une
somptueuse limousine conduite par un chauffeur en tenue
impeccable. La voiture traverse un large chemin de terre
qui surplombe un immense vignoble, longeant un muret et
des canaux de pierre sèche. Le sentier s'éloigne des vignes
pour serpenter au milieu des chênes, des genêts, et de garrigues
brûlées par le soleil. A l'intérieur de la voiture, Inès
est un peu secouée. Avec elle, à l'arrière, se trouve une
élégante femme d'une trentaine d'années, belle et princière,
très sophistiquée. Brune aux cheveux longs, le teint mat,
elle dégage une volupté électrique et un raffinement incomparables.
La conversation qui s'ensuit fait comprendre qu'elles ont
déjà fait connaissance et sympathisées.
-" Inès, permets-moi juste
une petite critique au sujet de tes livres. Ce que tu écris,
c'est beau, c'est émouvant, mais pas très proche de la réalité.
De nos jours, pour être plus moderne et plus dans le vent,
il faut moins de sentiments et plus de sexe. Voilà, c'est
ce qui manque dans tes livres, du sexe ! Mets-y de l'érotisme
et les ventes vont tripler !"
Inès accueille le conseil
avec amusement. Son interlocutrice, malgré sa classe, a
un franc parler et une spontanéité qui l'enchantent. Le
petit accent chantant espagnol ajoute du charme exotique
à cette femme qui n'a rien d'ordinaire. Avec fougue, celle-ci
argumente :
-" Rien ne vaut un peu de
cul, c'est excitant, c'est de l'énergie pure qui consume
les corps et échauffe les esprits ! Romantisme et sexe peuvent
faire bon ménage, bien qu'il y'a longtemps que je ne crois
plus à toutes ces balivernes. Moi, le sexe, je le pratique
sans sentiments, et heureusement car je serai encore vierge
si je devais attendre l'amour pour coucher. Mais tu as raison
de vendre de l'espoir et du rêve, toutefois un peu plus
de sexe aurait encore plus d'impact, crois-moi… C'est une
femme d'expérience qui te parle, j'en connais un bout sur
ce sujet."
Inès rit de bon cœur.
-" Merci pour ces infos qui
ne manquent pas d'intérêt. Maria, je te promets d'y réfléchir…"
-" J'y compte bien… Si les
ventes explosent, pense à Maria, ta nouvelle conseillère
technique !"
-" D'accord !"
Jetant un coup d'œil par
la vitre ouverte, Inès aperçoit les ruines d'une église,
dont le clocher émerge d'un îlot de chênes. Derrière, sur
une butte, se dresse un magnifique château, avec tours de
guet. Un bel édifice médiéval superbement restauré qui arrache
à Inès une exclamation émerveillée.
-" Mon Dieu, comme c'est
beau !"
Maria, qui s'est penchée
à son tour, ébauche juste un léger sourire amusé.
-" De la part de Jean, plus
rien ne peut me surprendre. Il fait toujours tout en grand,
c'est tout lui ça !"
Elles arrivent enfin à destination.
Jean Vernier les accueille avec chaleur, plus familièrement
avec Maria qui est une amie de longue date. Une jolie servante
s'occupe d'Inès, sortant sa valise du coffre. Inès veut
la porter.
-" Laissez, c'est mon travail
"lui dit la servante doucement.
Il y'a presque de la prière
dans sa voix, aussi Inès n'insiste pas. Elle se fait guider
jusqu'à sa chambre. Durant tout le trajet, elle reste sans
voix, abasourdie et impressionnée par l'intérieur luxueux
et gotique. Perdue dans sa contemplation, elle en bouscule
presque un jeune homme qui se promène d'un air hagard.
-" Pardon, excusez-moi…"
-" Je… c'est moi, pardon…"
en bafouille l'autre en rougissant.
C'est un jeune homme réservé
et timide, blond au sourire crispé, qui dissimule mal sous
une maladresse juvénile et nerveuse une séduction touchante.
Un visage poupin, des yeux candides, une silhouette gracile,
tout lui donne un air fragile, avec un physique de jeune
premier qu'il ne sait pas mettre en avant. Inès est attendrie.
Il lui fait penser à un jeune chiot perdu et fébrile qui
ne demande qu'à être apprivoisé. Elle veut lui parler mais,
déjà, il s'enfuit promptement. Elle en oublie vite l'incident,
retrouvant un regard émerveillé en découvrant sa chambre,
et écoutant à peine ce que lui dit la servante :
-" Monsieur Vernier vous
attend dans le salon pour 19 heures."
Le bruit de la porte qui
se ferme arrache Inès de sa contemplation.
FIN DU PREMIER CHAPITRE.
Votez pour le second :
1) Scène d'amour entre Maria et Jean Vernier.
2) Ou tendre viol entre Maria et le jeune homme timide.
A bientôt.
Je propose ici un roman feuilleton,
où chaque personnage a une réelle épaisseur psychologique,
un passé, avec sa force et ses faiblesses, pour qu'ils en
deviennent attachants et que les lecteurs s'identifient
peu à peu à eux. Les héroïnes sont souvent des femmes pures
et innocentes, sages ou respectables, et non pas des femmes
faciles ou de moralité douteuse qui auraient la fâcheuse
tendance à coucher à la va-vite avec n'importe qui. Le piquant
de l'histoire est de confronter ces femmes conventionnelles
à un monde qu'elles ignoraient, un monde de passion et de
sexe, où d'autres laissent libre cours à leurs désir et
à leurs fantasmes sans le moindre tabou. Là, elles vont
devoir affronter des situations sensuelles et érotiques,
faire face à leurs démons et toutes sortes de tentations
troublantes dont elles ignoraient jusqu'ici l'existence.
Tout l'intérêt est de les voir céder lentement, une attente
langoureuse et raffinée qui va éveiller l'excitation des
lecteurs. Ceux-ci, impatients, n'attendront qu'une chose
: que la belle et pure jeune femme sombre enfin dans la
luxure et s'adonne sans retenue à tous les plaisirs. Perte
de l'innocence, perte des valeurs conjugales ou perte de
l'identité hétérosexuelle, je traite ici de mes thèmes favoris
: la liberté dans le plaisir, l'acceptation et l'affirmation
de soi dans le sexe. Cette découverte a évidemment ses conséquences,
une libération totale qui peut bouleverser une vie, basculer
un destin, une porte grande ouverte sur de nouveaux horizons,
où le goût de la volupté transformera et marquera à jamais
les héroïnes de ce roman feuilleton. Leur défaite sera propice
à un véritable parcours initiatique, un jeu de pistes aussi
intense que sensuel, une expérience érotique qui tiendra
le lecteur en haleine jusqu'au bout. Et, ce que je souhaite
également, est rendre hommage à la femme, exalter et sublimer
sa beauté, son pouvoir de séduction, et que même dans le
sexe, aussi poussé soit-il, elle restera toujours intacte,
source de joie, de bonheur et d'énergie vitale. Ode à l'innocence,
à l'esthétisme, je compte mélanger érotisme et poésie, débauche
et romantisme, pour démontrer que le sexe n'est en aucune
façon sale ou aveulissant, mais bien la plus belle chose
qui existe…
Enfin, pour me démarquer
des autres littératures, je propose une option nouvelle
et originale. En effet, à la fin de chaque chapitre, deux
possibilités seront proposées aux lecteurs qui, ainsi, pourront
faire évoluer l'histoire à leur guise, participant directement
aux rebondissements en choisissant eux-mêmes la suite, selon
leurs désirs, selon leurs fantasmes. La majorité de ceux
qui voteront l'emportera évidemment, et il en sera ainsi
durant tout le déroulement de l'histoire.
Ce roman feuilleton n'est
qu'un aperçu de tous mes projets en cours. Je vous enverrai
dans les prochains jours d'autres histoires, sous le même
nom (nicky.gloria@tele2.fr) pour vous donner un avant goût
de mes talents (en toute modestie !) et de toute cette imagination
qui déborde d'un esprit inventif et audacieux, et que je
souhaite faire partager aux autres. Avec votre participation
j'espère… Une qualité qui ne peut être qu'un atout commercial
pour votre site.
A bientôt.
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