- Si je fais ça, c'est vraiment pour te faire plaisir,
et pour te faire gagner ton pari avec mon crétin de cousin
!
Le jeune homme, qui vient de prononcer, sur un ton nettement
agacé, cette phrase sans ambiguïté, s'appelle Camille, et
son interlocutrice répond, elle, au joli prénom de Véronique.
* * * * *
Camille, âgé de dix-neuf ans, est élève au CNSM (Conservatoire
National Supérieur de Musique) de Paris, où il étudie l'orgue,
mais aussi diverses disciplines théoriques (harmonie, contrepoint,
orchestration). Brillant et prometteur musicien, c'est de
sa mère, elle-même pianiste de talent, qu'il tient cette
passion.
Le “crétin de cousin”, auquel il vient de faire
allusion, est Antoine, le fils du frère de son père. Les
deux frères gèrent ensemble un cabinet d'architecte, qui
leur donne entière satisfaction et aisance financière. Ces
intérêts professionnels communs ont aussi amené leurs familles
respectives à être très proches l'une de l'autre. C'est
cette proximité, aussi bien familiale que géographique -
les deux familles logent, près du Panthéon, à deux rues
l'une de l'autre - qui a amené les cousins, tous deux fils
uniques, à beaucoup se fréquenter, et ce depuis leur plus
tendre enfance.
Ces deux cousins ont pourtant peu de points communs. Camille
est blond, et Antoine est brun. Camille est svelte et même
un peu androgyne, Antoine est trapu et baraqué comme un
lutteur de foire. Si les goûts de Camille le portent vers
l'art en général, et la musique en particulier, ceux d'Antoine
sont plutôt orientés vers les diverses disciplines sportives
en général, et le foot en particulier. Si Camille a choisi
d'étudier la musique, Antoine, d'à peine un an son aîné,
prépare un diplôme d'ingénieur en informatique.
Et enfin, alors que Camille est toujours puceau, les filles,
qui pourtant ne peuvent guère être charmées par le beau
langage d'Antoine, se sont toujours suivies, en rangs serrés,
dans l'intimité de son lit, et ce depuis sa prime adolescence.
Pourtant, depuis un an environ qu'il fréquente Véronique,
Antoine semble avoir nettement calmé son penchant de collectionneur
en matière de dames et de demoiselles, et être relativement
fidèle à sa compagne.
Véronique a le même âge qu'Antoine. Alors que les goûts
du jeune informaticien le portaient plutôt vers les filles
un peu girondes, sa compagne de coeur est une demoiselle,
qui, sans être franchement maigre, est néanmoins très mince,
avec cependant une poitrine assez avantageuse. Originaire
d'une famille de la haute bourgeoisie bretonne, elle est
“montée” à Paris, pour y poursuivre des études
de droit. Contrairement à Antoine et Camille, elle ne peut,
vu la distance, rentrer tous les soirs dormir chez ses parents.
Ceux-ci ont donc acheté, pour leur fille, un coquet petit
appartement près du Jardin du Luxembourg, ce qui permet
à la jeune étudiante de se rendre à pied, non seulement
à la Fac de Droit, mais aussi chez Antoine, et accessoirement
chez Camille.
Car, si Véronique est amoureuse d'Antoine, elle n'en apprécie
pas moins son cousin Camille, dont elle est l'une des meilleures
“copines”. Ensemble, ils discutent longuement
d'art, de culture, mais aussi de politique, d'économie,
et de divers autres sujets. Mais aujourd'hui, comme nous
venons de nous en apercevoir, leur conversation porte sur
le pari que Véronique a engagé avec Antoine.
Avant de poursuivre plus avant notre récit, il nous semble
nécessaire d'apporter quelques précisions sur l'aspect physique
de notre héro, le jeune Camille. Un peu plus haut, nous
n'avons fait qu'effleurer le sujet, en mentionnant qu'il
était “un peu androgyne”.
Il nous faut maintenant, car ce détail va avoir son importance
dans la suite de notre chronique, être plus précis : le
contenu intime de sa culotte prouve que Camille est indéniablement
du sexe masculin. Mais cet appareillage anatomique est,
pour le jeune homme, le seul signe, malheureusement rarement
extérieur, à prouver cette appartenance générique.
De taille moyenne, Camille est plutôt mince, mais surtout
il possède une musculature très peu marquée, ce qui donne
à sa silhouette cet aspect “rond” qui est d'ordinaire
l'apanage des dames. Cette féminité est encore accentuée
par une pilosité quasiment inexistante, sauf pour ce qui
est de la petite toison blonde de son pubis, et du léger
duvet sous ses aisselles. Tous les matins, il scrute, en
vain, son miroir pour guetter l'apparition de la naissance
d'une ombre plus sombre au-dessus de sa lèvre supérieure.
Ce miroir impitoyable ne lui renvoie que l'image d'un joli
visage, illuminé par de superbes yeux verts, mais dont les
traits délicats ne véhiculent pas, eux non plus, une grande
masculinité.
Même sa pomme d'Adam est à peine marquée ! Quant à sa voix,
sans être vraiment une voix de fille, elle est assez douce
pour que, au téléphone, il lui soit déjà arrivé de se faire
appeler “mademoiselle”. Le destin, dont l'humour
peut être cruel, l'a même affublé d'un prénom qui partage,
avec Claude ou Dominique, le désavantage de ne pas être
identifiable lors d'une première lecture.
À seize ans, lorsque les premiers signes de cette “tare”
identitaire étaient devenus plus flagrants, Camille, pour
viriliser son aspect, avait tondu sa superbe crinière blonde,
et adopté la coupe minimaliste mise à la mode par les Marines
de l'Armée Américaine. Ce sacrifice capillaire n'avait réussi
qu'à amener celui, qu'il considérait alors comme son meilleur
ami, à le traiter de “vieille gouine”.
Cette réflexion, très désobligeante, si elle avait permis
à Camille un meilleur discernement dans le choix de ses
amis, lui avait aussi procuré un choc psychologique qui
l'avait amené à mieux assumer l'aspect physique que Dame
Nature avait jugé utile de lui attribuer. Il avait donc
laissé repousser ses cheveux et aujourd'hui, à dix-neuf
ans, il arbore de nouveau, avec une certaine fierté, une
splendide chevelure blonde, dont les vagues naturelles,
qui retombent élégamment sur ses épaules, font l'admiration
de nombreuses demoiselles, bien moins nanties.
Cette jalousie capillaire n'incite malheureusement pas
les dites demoiselles à connaître un peu mieux le reste
de l'anatomie de Camille. Car, si les jeunes personnes du
beau sexe aiment la compagnie du jeune homme pour son érudition,
sa culture et son humour, elles ont une fâcheuse tendance
à préférer, pour ce qui est de relations plus intimes, des
jeunes gens à la virilité extérieure plus marquée.
Si donc, arrivé à l'âge canonique de dix-neuf ans, Camille
assume, avec une fatalité bienveillante, son aspect physique,
il n'en désespère pas moins de perdre un jour son pucelage
!
* * * * *
C'est certainement l'une des raisons pour lesquelles il
avait refusé, avec une certaine humeur, la proposition,
un tantinet perverse, de son cousin Antoine, de se promener
dans la rue, déguisé en fille :
- J'voudrais seulement voir si les gens s'apercevraient
que t'es pas une vraie gonzesse...
Dépité par le refus énergiquement catégorique de son cousin,
Antoine avait conté sa mésaventure à sa tendre amie. Véronique
avait réagi en prenant le parti de Camille :
- Je trouve que c'est normal qu'il ait refusé. Surtout,
te connaissant, tu as dû lui présenter la chose avec une
telle délicatesse !
Piqué par cette rebuffade, Antoine avait rétorqué :
- Parce que tu crois que toi, maligne comme tu es, t'aurais
réussi à le décider ?
- Peut-être...
- Ça, ça m'étonnerait.
Et, connaissant la passion de son amie pour la gastronomie,
il avait ajouté :
- Tiens, si tu réussis, j't'inviterais à dîner dans un
grand restaurant...
- N'importe lequel ?
- N'importe lequel, c'est toi qui choisirais.
- Même la Tour d'Argent...
Piqué dans sa fierté de macho, Antoine n'avait pu se dédire
et avait entériné les termes de son pari.
C'est cette conversation que Véronique vient de rapporter
à Camille. Et surtout la fin de la conversation, où elle
s'était fait confirmer par Antoine sa promesse d'utiliser
le petit pécule, qu'il avait gagné en effectuant des travaux
d'informatique pour le cabinet d'architecte de son père,
en invitant non seulement Véronique, mais aussi Camille,
à la Tour d'Argent, si Véronique réussissait le prodige
apparemment irréalisable d'inciter Camille à se déguiser
en fille.
C'est ainsi que, quelques jours plus tard, par une belle
après-midi printanière et ensoleillée, les trois futurs
dîneurs du célèbre restaurant parisien se retrouvent dans
la chambre de Véronique. Cette dernière est en train de
choisir les atours avec lesquels elle compte vêtir son peut-être
futur cousin par alliance. Bien entendu, Antoine, en bon
macho qu'il est, se croit obligé de donner son avis sur
un sujet sur lequel il ne connaît absolument rien. Ce que
lui exprime assez sèchement sa tendre amie :
- Ecoute, t'es incapable de faire la différence entre une
jupe-culotte et une robe de soirée, alors tu arrêtes de
me tourner autour comme un gros bourdon. Tu sais ce que
tu vas faire ? Tu vas aller à côté regarder la télé. On
t'appellera quand Camille sera habillé. Jusque-là, je ne
veux pas te voir pointer ton nez dans cette chambre.
Si Camille et Véronique sont quasiment de la même taille,
il n'en est pas de même de leur tour de hanche. Cette région
anatomique est nettement plus étroite chez Véronique qu'elle
ne l'est chez Camille. Cette différence élimine toute jupe
un peu moulante, dont les coutures risqueraient de craquer
au moindre mouvement un peu brusque.
Finalement, leur choix commun se porte sur une robe blanche,
certes très printanière, mais surtout assez ample pour s'accommoder
des hanches de Camille.
Le jeune homme se retrouve bientôt en slip devant l'amie
de son cousin. Il en ressent une certaine gêne, peu habitué
qu'il est de parader dans cette tenue face à une demoiselle.
Surtout qu'il remarque le coup d'oeil furtif qu'elle porte
à son entrecuisse, comme pour s'assurer que le contenu du
slip n'est pas aussi androgyne que le reste de l'anatomie.
Le premier soin de Véronique est d'équiper Camille d'un
soutien-gorge bien rembourré, et ce afin de remplir avantageusement
le haut de la robe. Puis elle lui enfile la robe elle-même.
Après en avoir noué la ceinture, la jeune étudiante fait
tourner son cobaye, afin de juger de l'effet final. Tout
à coup, une remarque lui échappe :
- T'as mis un slip rouge ?
- Bien oui... tu l'as bien vu tout à l'heure ?
- Tout à l'heure, je l'ai peut-être vu, mais, là sous la
robe, je ne vois plus que ça, et ce n'est pas du plus heureux
effet. Il va falloir que tu l'enlèves...
- Et que je me balade, les choses à l'air, dans la rue
?
En effet, les clauses du pari avaient été soigneusement
établies par Antoine. Pour que le dîner princier puisse
avoir lieu, Camille, une fois accoutré, devait se promener
au moins un quart d'heure dans la rue. Et Antoine, qui voulait
mettre toutes les chances de son côté, avait fermement stipulé
que, pour qu'il reconnaisse avoir perdu son pari, il fallait
qu'au moins trois personnes anonymes l'aient appelé “mademoiselle”,
mais qu'une seule personne, qui l'appellerait “monsieur”
permettrait au jeune amant de Véronique d'économiser ses
sous pour une meilleure cause.
- Non... Surtout qu'à travers le tissu de la robe, “ça”
aussi, ça risquerait de se voir. Non, il va falloir que
je te prête une culotte...
- Hé, pas un de ces petits trucs mini, genre string, comme
vous en mettez, vous, les filles !
Véronique ne peut s'empêcher de sourire :
- Dis donc, on dirait que de te déguiser en fille, toi,
ça te fait l'effet inverse, et que ça te rend presque aussi
phallocrate que ton cousin !
Camille sourit à son tour, mais avec une mimique un peu
plus crispée :
- Non... Ce que je veux dire, c'est qu'il faut quand même
que tu trouves une culotte assez ample pour contenir mes...
enfin... mes choses !
- Ne t'en fais pas... Même si je ne m'habille pas comme
ma grand-mère, il y a quand même certaines périodes du mois,
où j'ai besoin d'un peu plus de confort de ce côté-là.
Cette semi-confidence, sur un sujet très intime de la physiologie
féminine, amène une légère rougeur aux joues de Camille.
Véronique, après avoir un peu fouillé dans l'un de ses
tiroirs, se retourne en brandissant une culotte blanche
en coton uni, sans dentelles, ni fioritures d'aucune sorte.
- Tiens, essaie ça...
Camille se sent tout à coup très gêné de baisser sa culotte,
même masqué par la robe, devant Véronique. Elle devine son
hésitation et dit d'une voix un peu brusque :
- Allez, dépêche-toi, on ne va pas y passer toute la soirée.
Le contact du fin tissu de la robe sur l'extrémité de son
prépuce procure à Camille une sensation étrange. Il se dépêche
de prendre le petit sous-vêtement que lui tend Véronique
et de l'enfiler... avec une certaine difficulté !
- Alors ?
- Bien... Ça serre un peu, mais je pense que ça devrait
aller...
Ça serre quand même beaucoup ! Son petit service à trois
pièces est tellement comprimé qu'il n'ose plus bouger. A
la demande de Véronique, il se risque pourtant à faire quelques
pas dans la pièce, et est surpris que le petit vêtement
de coton n'explose pas au cours de l'exercice.
Comme il avait pris la précaution, sur les conseils de
Véronique, de mettre ce matin-là, des socquettes blanches
et des mocassins plutôt “unisexes”, il est donc
fin prêt pour l'examen final par son mécène de cousin.
Celui-ci examine Camille, avec une lueur un tantinet perverse
dans le regard, ce qui ne l'empêche pas de prendre un ton
un peu dénigrant pour dire :
- Mmmouais... C'est vrai qu'il a vaguement l'air d'une
fille, habillé comme ça. Mais il faut quand même attendre
le verdict de la rue. Tu sais, tu mets une robe à n'importe
quel mec, et on peut, de loin, le prendre pour une fille...
Même moi, à la limite...
Véronique ne peut s'empêcher de ricaner :
- Toi ? Habillé comme ça, tu sais de quoi tu aurais l'air
? D'un travelo pour marin en goguette, échappé d'un bar
à putes d'Amérique du Sud, mais certainement pas d'un top-model
de chez Christian Dior ! Allez, il lui manque plus qu'un
peu de maquillage, et un sac à main, et on peut y aller...
Camille sursaute :
- Maquillage ? Sac à main ? Attends, Véro, on n'avait pas
parlé de trucs aussi excessifs que ça !
- Dis, tu veux vraiment qu'on le gagne, ce dîner ? T'as
vraiment envie de voir Tonio casser sa petite tirelire ?
Alors, il faut mettre toutes les chances de notre côté...
Et je présume que ma proposition ne va pas contre les termes
du pari ?
Antoine fait une petite moue, mais concède :
- Ouais, après tout, on a dit que tout ce qui lui donnait
l'air d'une fille était acceptable. Alors va pour le maquillage
et le sac à main. Et même les godasses à talons hauts, si
t'en as envie.
Avant même que Camille ait pu protester, Véronique s'interpose
:
- Négatif... Comme Camille n'a aucune habitude des chaussures
à talons, il aurait vraiment l'air d'une drag-queen au rabais.
Et d'ailleurs, pour le maquillage, c'est pareil. Ne t'inquiète
pas, Camille, je vais juste t'en mettre une petite touche.
Si je t'en mets trop, tu aurais l'air d'une pute, et ça
pourrait éveiller les soupçons.
Finalement, Camille, l'air pas trop fier, se retrouve dans
l'entrée de l'appartement, avec, en guise de sac à main,
un minuscule petit réticule en bandoulière. Il n'a même
pas réussi à faire tenir son gros portefeuille dans un accessoire
aussi étroit. Avant de sortir, il jette un coup d'oeil dans
le grand miroir en pied qui décore le mur. Et il ne peut
s'empêcher d'être lui-même assez surpris par son apparence
: il a quasiment l'impression de voir, en face de lui, une
soeur jumelle qu'on aurait omis de lui présenter à la naissance.
Ils n'ont pas fait dix pas dans la rue qu'ils sont abordés
par un étudiant en droit, confrère de galère de Véronique,
donc ami d'Antoine :
- Salut les amoureux !
Il fixe Camille d'un oeil scrutateur, puis il dit :
- Tu sais, Tonio, c'est marrant, ta copine, là, elle me
rappelle ton cousin... Tu sais le musicien... Comment il
s'appelle déjà ?
Dès que l'étudiant s'est éloigné, Antoine dit :
- Bon, écoutez... Ce quartier, c'est pas bon... Il y a
trop de gens qui nous connaissent tous les trois. Alors,
comme dans les termes de notre pari on avait parlé de personnes
totalement anonymes, il vaut mieux changer de quartier.
- Tu crois ?
Camille, qui ne s'attendait qu'à une courte balade dans
son accoutrement, n'est guère enchanté de cette proposition,
mais Véronique accepte, et il est bien obligé de suivre
le mouvement, puisqu'il est l'enjeu même du pari.
Le chauffeur du taxi leur demande :
- Et alors, où qu'c'est-y que j'emmène l'monsieur et ces
deux charmantes demoiselles ?
Antoine lance un clin d'oeil à ses complices avant de répondre
:
- Aux Champs-Elysées...
Arrivés à destination, ils décident de profiter de la douceur
printanière pour s'attabler à une terrasse. Camille a droit
à des “mademoiselle” de la part du serveur,
et à des regards un peu égrillards de la part des autres
consommateurs mâles du café. Il paraît évident que le pari
est quasiment perdu pour Antoine. Personne n'a eu une expression
même légèrement soupçonneuse à l'égard de Camille. Tous
les hommes le prennent pour une fille, et même pour une
fille très attirante.
Or ce constat, alors qu'il devrait lui donner la satisfaction
béate que son crétin de cousin va être obligé de claquer
toutes ses économies, commence à lui peser un peu. En effet,
s'il s'est déjà fait draguer par des hommes, c'était en
tant que garçon par des hommes homosexuels. Et il trouve,
contrairement à Antoine, qui, malgré sa ruine prochaine,
s'amuse beaucoup de la situation, que cette drague ambiguë
n'est pas du tout agréable, et même de plus en plus déstabilisante.
Lorsque le serveur apporte les consommations - “Le
coca, c'est bien pour la petite demoiselle ?” - son
irritation est à son comble, et dans le but inconscient
d'en finir au plus vite avec cette mascarade pénible, il
attrape son verre et le vide d'un trait.
La conséquence de cet acte irréfléchi se fait sentir quelques
minutes plus tard, losqu'une sévère pression au niveau de
la vessie lui fait comprendre qu'il ne pourra rentrer chez
lui avant de s'être au préalable soulagé.
C'est en maugréant un “J'vais pisser” un peu
bougon qu'il se dirige vers l'escalier qui mène au sous-sol
du café.
Il pousse machinalement une porte et ne se rend compte
de son erreur que lorsqu'une voix un peu moqueuse lui dit
:
- Hé, la petite dame, vous croyez pas qu'vous vous êtes
gourrée d'endroit ?
Il ne remercie même pas son interlocuteur, sort, et pénètre
dans le local voisin, où un dessin explicite, sur la porte,
indique que cet endroit est réservé aux personnes du beau
sexe.
Heureusement, une cabine est libre. Il claque la porte
du petit habitacle d'un geste rageur et bascule brutalement
le verrou. Après s'être aperçu qu'il est difficile de se
soulager “en homme” lorsqu'on est affublé d'une
robe, il décide de le faire “en fille”, c'est-à-dire
assis sur la lunette. Il rencontre quelques difficultés
à descendre la petite culotte, trop étroite, le long de
ses jambes... et, son envie devenant de plus en plus pressante,
il agit avec trop de précipitation. Un craquement sinistre
le renseigne sur la catastrophe !
C'est - enfin - assis sur la cuvette qu'il peut constater
l'étendue des dégâts. Le fragile sous-vêtement n'a pas résisté
au traitement brutal qu'il vient de subir. La couture a
complètement lâché du côté droit, entraînant la rupture
de l'élastique. Ce qu'il tient dans la main n'est plus qu'un
chiffon inutilisable, qu'il fourre machinalement dans son
petit réticule.
Il pourrait certes rejoindre ses compagnons, mais, avec
une robe au tissu aussi fin, il lui sera difficile de cacher
sa mésaventure. Et il craint un peu les réactions de son
cousin, déçu quand même d'avoir perdu son pari.
Par contre, il vient de se souvenir que, à une courte distance
du café, se trouve un petit supermarché de la chaîne “Bonprix”.
Vu que l'escalier menant aux toilettes se trouve au fond
de l'établissement, et que ses comparses sont en terrasse,
il devrait être facile à Camille de sortir par une porte
latérale sans qu'ils le remarquent. Le temps d'acheter rapidement
une culotte de rechange - à sa taille, cette fois ! - et
il pourra les rejoindre, en mettant son retard sur le dos
d'une constipation imprévue.
Rassuré par ce plan de campagne, Camille sort d'un pas
décidé de la petite cabine. Comme il a la chance que personne
ne se trouve devant les lavabos à ce moment-là, il peut
faire quelques mouvements qui lui permettent de constater,
dans les nombreux miroirs dont le mur est couvert, que son
absence de sous-vêtement passe difficilement inaperçue.
Soucieux de ne pas réitérer l'erreur des toilettes, il
se rend directement au rayon de la lingerie pour dames.
Il choisit une culotte en coton blanc, d'un style peut-être
un peu ringard aux yeux de la jeune fille moderne, mais,
ce qui lui semble être une priorité dans le cas présent,
bien large et bien enveloppante.
C'est au moment où il se dirige vers la caisse qu'il se
rappelle... que son portefeuille est resté sur la table
de nuit de Véronique !
Après une courte hésitation, il décide de tenter le diable,
ne désirant vraiment pas subir les plaisanteries moqueuses
de son crétin de cousin. Se cachant derrière un pilier,
il force le petit vêtement neuf à rejoindre son congénère
malmené dans le réticule.
Mais le vol à l'étalage est un art qui s'apprend dés le
plus jeune âge. Les Sonates en Trio de Jean-Sébastien Bach
sont peut-être un excellent exercice pour l'agilité des
doigts, mais elles ne préparent pas vraiment à une carrière
de pickpocket.
Alors qu'il est presque sorti du magasin, une lourde main
s'abat sur son épaule :
- Pardon, mademoiselle, vous ne croyez pas que vous avez
oublié quelque chose ?
* * * * *
Muriel, à trente-deux ans, peut être fière de sa carrière
professionnelle. Neuf ans plus tôt, son diplôme d'école
de commerce en poche, elle avait été embauchée à l'essai,
au service des achats de la société des magasins “Bonprix”.
Compétente et travailleuse, elle avait rapidement gravi
les échelons, et se retrouve aujourd'hui directrice adjointe
de l'une des succursales les plus prestigieuses de la société,
puisqu'étant le seul supermarché des Champs Elysées.
Comme cet établissement est, vu le quartier, ouvert du
lundi au samedi, de neuf heures à vingt-deux heures, le
poste de directrice adjointe est très important, car en
fait, elle alterne la direction effective du magasin avec
le directeur en titre. Ce qui veut dire que, pendant la
majeure partie de son temps de présence, elle est le véritable
“patron” de la boutique.
Il est bientôt 17h30, et Muriel doit abandonner les problèmes
qu'elle réglait en magasin pour retourner dans son bureau
avant le départ du personnel administratif qui, lui, contrairement
à la “patronne”, a terminé son service. C'est
alors qu'elle est presque arrivée à la porte marquée “Réservé
au personnel” qu'elle remarque l'un de ses vigiles,
poussant devant lui une charmante jeune fille blonde.
Un coup d'oeil lui suffit à lui prouver que la délinquante,
pâle et décomposée, n'est pas une habituée de ce genre de
situation.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Patrice ?
- Voilà, madame la directrice, je viens d'appréhender cette
jeune personne en train de voler... ceci !
Et il brandit le petit sous-vêtement. Muriel lui baisse
le bras :
- Un peu de discrétion, je vous prie...
Muriel a l'impression que les yeux de la jeune fille lui
lancent un appel au secours. Et elle ne peut réprimer un
léger frisson. La “délinquante” correspond tout
à fait aux goûts de Muriel. Grande, mince, une belle poitrine,
blonde aux yeux verts, elle possède de plus ce petit côté
très légèrement androgyne que Muriel apprécie par-dessus
tout chez les filles.
Après un court instant de réflexion, elle décide de s'accorder
une petite récréation bien méritée à la mi-temps de cette
très longue journée de travail. Elle n'a, bien entendu,
aucune certitude qu'une issue “positive” émanera
de cette rencontre fortuite, mais Muriel sait, qu'en matière
de relations intimes, qui ne tente rien n'obtient rien.
Et puis elle a toujours préféré l'incertitude de l'aventure
imprévue aux conséquences prévisibles d'une drague dans
un bar lesbien.
- Très bien, Patrice, vous pouvez retourner à votre poste,
je vais m'occuper personnellement de mademoiselle.
- Fort bien, madame la directrice... Je peux garder “l'objet
du délit” pour mon rapport ?
- Tout à fait. Et après, vous le remettrez en rayon. Vous,
passez devant moi.
Camille est ravi de cet ordre de passage pour la montée
du petit escalier assez étroit. Cela lui permet de ne pas
avoir à masquer trop ostensiblement son pubis à l'aide du
petit réticule.
- Vous vous asseyez là, et vous m'attendez.
Camille s'exécute avec joie, car la position assise lui
permet de mieux dissimuler son “problème”.
Machinalement, il regarde autour de lui. La pièce est relativement
spacieuse, et meublée avec un peu plus de recherche que
les autres bureaux devant lesquels il était passé avant
d'atteindre celui-ci.
Muriel ne l'a fait patienter que quelques minutes. Elle
a sous le bras le parapheur que lui a remis sa secrétaire
avant de partir. Celle-ci était la dernière à être encore
présente à l'étage administratif, les autres employés ayant
déjà pris leur congé.
Machinalement, Camille s'est levé... en plaquant néanmoins,
par précaution, son petit réticule au bas de son ventre.
- Alors, mademoiselle, on me pique mes petites culottes
?
- Il faut que vous compreniez, madame, que je n'avais pas
le choix...
- Pas le choix ? Je dois avouer que je vous comprends mal.
Camille s'est approché du grand bureau, derrière lequel
la directrice s'est assise... en prenant la précaution de
dissimuler le bas de son ventre derrière un empilage de
paniers en plastique destinés à recevoir les documents en
attente.
- Voilà... J'étais... aux... aux toilettes, dans le café...
là, à côté. Et puis, sans le faire exprès, j'ai craqué ma
culotte... Alors, j'ai décidé de venir en acheter une autre...
dans votre magasin... et je me suis aperçu que je n'avais
pas d'argent...
Muriel aime le vert des yeux de la jeune fille, et aussi
sa voix un peu rauque. Mais c'est quand même avec un petit
sourire narquois qu'elle répond :
- Vous avez craqué votre culotte ?
Camille fouille dans son petit réticule, d'où il extrait
l'objet incriminé, que le vigile lui avait laissé, le prenant
certainement, vu son état, pour un chiffon sans importance.
- Tenez... La voilà...
La femme a tendu le bras. Elle sourit en examinant le piteux
vêtement :
- En effet, vous n'y êtes pas allée de main morte...
Camille a failli lui expliquer que la culotte n'était pas
à sa taille, mais il s'est repris à temps, comprenant qu'un
tel aveu le mènerait à des explications plus... complexes
!
- Mais... vous me dites que vous étiez au café... Vous
aviez donc de l'argent ?
- Moi, non... mais j'étais avec mon cousin Antoine, et
sa copine Véronique.
Muriel caresse distraitement le coton blanc, essayant d'imaginer
les trésors intimes qu'il couvrait.
- Et vous, vous appelez comment ?
- Camille...
Muriel se penche en avant, pour se rapprocher de Camille,
mais elle ne lui rend pas son sous-vêtement :
- Bon, écoutez, mademoiselle, voilà ce que je vous propose...
Comme vous me semblez de bonne foi, je vais vous accorder
le bénéfice du doute, et vous laisser partir...
- Merci, madame...
- De rien...
Muriel réfléchit très vite. Elle sent la jeune fille prête
à décamper. Or, elle a tellement envie de faire plus ample
connaissance avec elle... et peut-être qu'avec un peu de
chance...
Elle enchaîne, d'une voix qu'elle s'efforce de garder calme
et détachée :
- C'est toujours l'heure où je m'accorde un petit café
tranquille, après le départ du personnel, et avant que je
plonge le nez dans les tonnes de dossiers qui m'attendent...
Peut-être pourriez-vous le partager avec moi...
Camille est indécis. D'un côté, il peine à décevoir cette
femme, qui a été si gentille avec lui, et qu'il ne peut
s'empêcher de trouver très séduisante. Mais d'un autre côté,
il sait qu'il court le risque qu'un mouvement intempestif
dévoile son “secret”.
- C'est... c'est très gentil de votre part, madame... Mais,
comme je vous l'ai dit... il y a mon cousin... et sa copine...
qui m'attendent au café à côté... Alors j'ai peur qu'ils
s'inquiètent...
Muriel sent le regard de Camille se troubler légèrement.
Elle a l'impression que quelque chose est peut-être possible...
et pourtant, cette jeune fille “craquante” va
quitter son bureau dans quelques secondes, et certainement
ne jamais revenir. Elle lance néanmoins la bouée de la dernière
chance :
- Ecoutez, si vous le voulez bien, j'aimerais que vous
reveniez me voir un autre jour... lorsque vous serez moins
pressée... Tenez, je vais vous donner ma carte, avec mon
portable personnel... N'hésitez pas à m'appeler...
- Je vous promets, madame...
Camille s'est avancé pour prendre le petit bristol. Mais,
comme, en même temps, il s'est tourné légèrement de côté,
toujours dans le but de masquer son bas-ventre, il sent,
tout à coup, son pied droit s'emmêler avec son pied gauche.
Il tente de reprendre son équilibre, en se rattrapant au
dossier d'une chaise, mais il ne réussit qu'à l'entraîner
dans sa chute.
Il a nettement vu le devant de sa robe s'envoler vers son
visage. Il essaie de le rabattre le plus prestement possible,
mais il est assez encombré par la chaise qui lui bloque
en partie le bras. Lorsqu'il réussit - enfin - à se relever,
il voit la belle femme rousse qui le regarde, une expression
narquoise dans ses grands yeux clairs.
- Excusez-moi... Bon, je crois que je ferais mieux de partir...
- Attendez...
Muriel a fait un pas vers Camille, et enchaîne :
- ... Avant de partir, j'aimerais que vous m'expliquiez...
ceci...
Elle a glissé une main leste sous la robe, et elle a refermé
cette main sur la verge de Camille.
Camille se sent pâlir. Pourtant la belle femme rousse ne
semble pas du tout fâchée de s'être ainsi laissée berner.
Au contraire, elle semble beaucoup s'amuser de la situation.
Camille ne sait plus que penser. Et furtivement, il ne peut,
non plus, s'empêcher de réaliser que c'est la première fois
qu'une main de femme lui touche le sexe.
Sans le lâcher, et le tenant, en quelque sorte, “en
laisse”, par la verge, Muriel se dirige vers la porte.
Elle tourne la clé qui se trouvait déjà dans la serrure
:
- Bon... voilà... Je crois qu'il est préférable que nous
ne soyons pas dérangés pendant que vous allez me fournir
quelques explications... Et sans me mentir, cette fois-ci...
D'abord, comment vous appelez-vous réellement ?
- Camille, madame... Là-dessus, je ne vous ai pas menti...
- Amusant... et pratique, surtout dans votre cas... Alors,
maintenant, “jeune homme”, expliquez-moi comment
il se fait que vous vous baladiez en robe - et sans culotte
! - dans mon magasin ?
Camille pense furtivement à Antoine et Véronique. Peut-être
ont-ils quitté le café. Peut-être même ont-ils appelé la
police. Mais les explications, avec eux, du moins, viendront
plus tard. Il faut d'abord se concentrer sur le problème
présent :
- Voilà... C'est à cause d'un pari entre mon cousin Antoine,
et sa copine Véronique.... Antoine disait que je ne serais
pas capable de me balader dans la rue déguisée en fille...
Moi, c'est vrai que je n'en avais aucune envie, mais...
Camille s'interrompt brusquement, comme s'il réalisait
seulement que la belle rousse, non seulement n'a pas lâché
sa verge, mais de plus la caresse doucement... et l'organe
a réagi, avantageusement, aux savantes caresses.
- Continuez...
Pourquoi Muriel qui, depuis le lycée et ses quelques expériences
désastreuses avec des garçons, sait qu'elle est foncièrement
lesbienne, se sent-elle attirée par ce séduisant travesti
? Peut-être parce que, d'ordinaire, elle a un flair infaillible
pour repérer les travestis, même les plus réussis, et que,
aussi doux et gentils soient-ils, leur facette “mâle”
la rebute immanquablement. Alors que celui-là... on dirait
tellement une fille, malgré l'objet révélateur qu'elle tient
dans la main ! Elle a subitement l'impression d'avoir rencontré
un ange, dont certaines légendes chrétiennes disent que
le sexe est indéterminé. Faire l'amour avec un ange... Quelle
aventure, pour une athée convaincue !
- J'avais pas envie de me balader, déguisée en fille...
mais j'aime bien Véronique... et j'avais envie de lui faire
plaisir... Le... le... le reste s'est passé comme je vous
ai déjà raconté...
Muriel s'approche du visage de Camille et lui dépose un
petit baiser délicat à la commissure des lèvres :
- Dis-moi... ça t'ennuierait beaucoup d'enlever ta robe,
pour que je vérifie que tu ne me racontes pas d'histoire...
Muriel doit aider le jeune homme, novice dans le port des
vêtements féminins, à se débarrasser de la robe.
Camille se demande furtivement s'il aurait dû accepter
aussi facilement cette proposition plutôt... saugrenue.
Mais son esprit chaviré par cette situation inattendue n'est
plus en état de penser avec cohérence.
Muriel, qui espérait peut-être, en dénudant son ange hermaphrodite,
sortir de son rêve éveillé pour réaliser qu'elle était en
train de tripoter un petit mec, est, au contraire, encore
plus excitée par ce qu'elle vient de découvrir. La peau,
qu'elle caresse délicatement de sa main restée libre, est
douce, lisse et souple - comme une peau de jeune fille !
Seul, le membre fièrement dressé sur son petit nid de poils
blonds peut rappeler le sexe de son propriétaire. Mais loin
de l'agresser, comme le fait d'ordinaire un sexe d'homme,
cet objet, doux et rose, pas trop volumineux, l'attire irrésistiblement,
comme l'attiraient les clitoris légèrement hypertrophiés
de certaines filles qu'elle a connues.
- J'enlève aussi le soutien-gorge ?
- Non... surtout pas...
Muriel craint que l'illusion fragile, que lui procure ce
corps androgyne, soit rompue par la vision d'une poitrine
d'homme.
Elle jette un regard furtif au visage de Camille, comme
pour recevoir son approbation. Puis elle s'accroupit lentement.
D'une main adroite, elle fait coulisser le prépuce, puis
enferme le gland dans ses lèvres. Un spasme de plaisir agite
légèrement le corps du jeune homme.
Camille est pétrifié... et il a presque du mal à réaliser
ce qui lui arrive : une femme - et une belle femme, qui
plus est - lui suce délicatement la verge. Ce n'est donc
pas un fantasme de pornographe ou d'étudiant vantard. Des
femmes font vraiment “ça” spontanément à des
garçons !
Lentement, il sent son plaisir s'accentuer, puis tout à
coup, il se raidit. Il sait qu'il est en train d'éjaculer,
mais la belle femme rousse ne retire pas sa bouche et, au
contraire, boit sa semence...
Muriel, qui s'était, au temps de ses expériences lycéennes
et hétérosexuelles, laissée surprendre une fois, avait alors
détesté ce liquide chaud, tout à la fois fade et écoeurant,
qui s'était répandu dans sa bouche, et elle avait presque
failli vomir de dégoût. Mais, aujourd'hui, la liqueur de
son ange hermaphrodite lui semble un nectar délicieux qu'elle
avale avec plaisir, presque déçue que la quantité en soit
si peu abondante.
Lorsque Muriel est certaine que la source est complètement
tarie, elle sort de sa bouche le membre qui s'est légèrement
ramolli.
Son entrecuisse humide lui confirme qu'elle aimerait poursuivre
l'expérience. Mais la raison, et son esprit logique et efficace
de femme d'affaires, la ramènent à la réalité. Quelqu'un
peut venir, à tout moment, frapper à la porte du bureau.
Sans compter les amis de Camille, qui doivent être de plus
en plus inquiets. C'est donc, avec néanmoins une certaine
tristesse dans la voix, que, après avoir déposé un bécot
tendre sur les lèvres sensuelles de son ange, elle dit :
- Maintenant que je suis tout à fait rassurée sur ton compte,
je crois qu'il serait préférable que tu remettes ta robe...
Camille a déjà la main sur la clé de la porte du bureau,
lorsque, comme pris d'une inspiration subite, il se tourne
en souriant vers Muriel :
- Au fait... vous savez... j'ai toujours pas de culotte...
- Tu veux vraiment mettre une culotte ?...
- Bien... vous avez vu le tissu de ma robe... On voit tout
à travers...
- Et bien, tu n'as qu'à prendre la mienne...
- Pardon ?...
Et avant même que Camille ait eu le temps de réaliser l'incongruité
de cette proposition, Muriel a relevé sa jupe, et offert
au jeune homme la vision furtive d'une belle toison rousse.
Elle lui tend maintenant le petit vêtement blanc assez sobre,
seulement bordé d'une dentelle discrète. Comme Camille semble
hésiter à le prendre, elle lui dit en souriant :
- Elle ne te plaît pas ?
Camille bafouille :
- Non... non... elle est très bien...
- Je suis désolée, elle est peut-être pas très sexy...
mais, vois-tu, au boulot, je préfère être à l'aise... jusque
dans ma culotte ! T'aurais peut-être préféré un string ?
- Surtout pas !
Et comme, à la différence de Véronique, Muriel possède
un tour de hanche en harmonie avec sa taille, sa culotte
s'avère plus... confortable à porter que celle de la douce
amie d'Antoine.
* * * * *
Une semaine plus tard, Camille sort du métro Bastille et
se dirige vers le boulevard Beaumarchais. Avant de partir
de chez lui, il a repéré, sur un plan, l'adresse du logement
de Muriel, dans une petite rue près de la Place des Vosges.
Il doit reconnaître que, ces jours-ci, il s'est fort amusé
de l'agacement d'Antoine, et même de Véronique, devant le
mutisme inébranlable qu'il avait opposé à leurs questions
sur sa mystérieuse escapade. Ce qui avait le plus agacé
Véronique, d'ailleurs, était l'inexplicable disparition
de sa petite culotte ! Camille ne pouvait pas lui dire qu'elle
était restée sur le bureau de la directrice du “Bonprix”
des Champs-Elysées, alors que celle qui avait pris sa place
passait ses nuits sous l'oreiller du jeune homme !
Camille grimpe allègrement les trois étages et appuie sur
la sonnette marquée d'un petit coeur ! Muriel lui ouvre
presque instantanément. Elle est vêtue d'un kimono de soie
verte, qui met en valeur sa chevelure flamboyante. Camille
devine - ou espère - qu'elle ne porte rien en dessous. Muriel
l'embrasse tendrement et referme la porte. Elle affiche
une petite moue de déception :
- Je n'aime pas trop la façon dont tu es habillé...
Camille est un peu interloqué par cette phrase sibylline.
Il porte un pantalon clair, une chemise saumon, et un blazer
bleu marine : l'uniforme parfait du petit jeune homme de
bonne famille ! Muriel enchaîne :
- ... Je préférais la façon dont tu étais habillé l'autre
jour...
Camille sourit :
- Oui, mais il m'aurait été difficile d'expliquer à ma
mère pourquoi je sortais ainsi déguisé dans la rue. Elle
a beau être large d'esprit...
- Mais ce n'est pas grave. J'avais prévu que tu serais
obligé de venir habillé ainsi. Alors, j'ai pris... ceci
au rayon textile de notre magasin...
Tout en parlant, elle a ouvert la porte d'une chambre à
coucher. Sur le lit est étalée une jolie robe blanche...
Elle soulève légèrement la robe, découvrant un soutien-gorge
assez sobre, blanc lui aussi :
- Et j'ai même prévu quelques mouchoirs pour le rembourrer
!
Quelques minutes plus tard, Camille sort de la chambre,
pour subir l'inspection de la jeune femme qui l'attend dans
le salon, un verre à la main. Elle se lève, pose le verre,
s'approche de lui, l'embrasse tendrement sur les lèvres,
et en même temps, glisse la main sous la robe :
- Tu as gardé ta culotte ?
Camille se sent un peu embarrassé :
- Bien oui... comme vous aviez oublié de m'en donner une,
j'ai donc gardé mon slip...
- Mais je n'avais pas oublié, mon chéri... C'était tout
à fait prémédité... Mais ne t'en fais pas... On va tout
de suite rectifier ce petit détail...
Le petit sous-vêtement glisse prestement sur les chevilles
de Camille, qui s'en débarrasse d'un pied leste, pendant
que la main fine et chaude de Muriel se referme sur sa virilité...
déjà en pleine expansion !
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