On l’avait toujours regardée de travers dans
le village. Et encore plus depuis qu’elle vivait seule depuis
la mort de sa mère l’hiver dernier. La mère non plus on
ne l’aimait pas. On la montrait du doigt. On lui donnait
des noms cruels. On rentrait les enfants sur son passage.
Maintenant qu’elle vivait seule, elle ne venait que très
rarement au village. Le dimanche à la sortie de la messe
pour y vendre ses herbes et les œufs de ses poules. Le reste
du temps, elle restait dans sa chaumière, tout au bout de
la route du Mai, là-bas, après l’arbre aux pendus.
Avant l’hiver, c’était la mère qui venait vendre aux villageois
le produit de leur maigre récolte. Elle, on ne la voyait
jamais. L’instituteur avait bien insisté pour la mettre
à l’école, le maire et même le curé s’en était mêlé, mais
rien à faire, la mère n’avait jamais voulu. Elle disait
à qui voulait bien l’entendre que sa fille n’était pas sotte
et qu’elle saurait bien lire et écrire assez tôt ! Les mauvaises
langues continuaient de dire qu’elle devait lui apprendre
à lire dans des grimoires de sorcellerie et lui faire écrire
des recettes d’envoûtement.
Puis la petite avait grandi. Elle était devenue cette jeune
fille aux longs cheveux roux jamais coiffés et toujours
volant au vent, aux mèches rebelles qui lui cachaient tout
le visage. On savait pourtant qu’elle avait de grands yeux
bleus. ‘’Comme ceux du père’’, murmurait-on dans les ruelles
ombragées du village.
Le père, on avait jamais su qui c’était. Si ce n’est que
la mère, elle avait du fricoter dans le temps avec pas mal
de gars du village. Et chaque femme derrière chaque porte
de chaque maison était en droit de soupçonner son mari d’être
le père de cette bâtarde sauvage.
Elle avait maintenant l’âge d’être à marier, dans les dix-neuf
ou vingt ans, qui savait ? Mais elle fuyait les hommes comme
la peste, ne parlait à personne sauf pour remercier du bout
des lèvres les rares clients du dimanche. Les femmes et
les enfants l’évitaient. De toute façon, à qui aurait-elle
pu bien parler ? Et pour raconter quoi ?
Quand elle avait fini de vendre tous ses œufs et ses herbes
de la semaine, elle regardait les quelques pièces qu’elle
avait dans la main. Puis elle les cachait au fond de son
tablier, remportait ses paniers vides et reprenait d’un
pas pressé le chemin de sa maison, par la route du Mai.
Une fois arrivée ‘’en sécurité’’, elle s’enfermait, allumait
quelques bougies et sortait un vieux cahier dans lequel
elle écrivait combien elle avait gagné d’argent. Elle tenait
ses comptes à jour mais de dépensait jamais un centime.
Elle se nourrissait des produits qu’elle ne vendait pas.
Parfois, elle sortait la nuit dans la clairière devant la
chaumière. Elle dansait nue, au milieu des herbes, uniquement
avec la musique du vent. Elle dansait. Tournait sur elle-même.
Laissait sortir de sa bouche un son entre le cri et le chant.
Tournait des heures durant. Puis, elle tombait. De fatigue.
D’énervement. Son corps tremblait de partout. De la bave
sortait de sa bouche. Elle restait là quelques minutes.
Et finissait par s’endormir.
Au petit matin, quand le soleil venait la réveiller, elle
était trempée de sueur et de rosée et chaude comme le feu.
Elle rampait pour rejoindre sa couche de paille au fond
de la maison et soignait sa fièvre le lendemain avec ses
herbes.
Une de ces nuits, au moment où la lune est pleine et blanche,
Nicolas s’est aventuré plus loin que la route du Mai et
a entendu le chant de la sauvageonne. Il l’a épiée, caché
derrière un buisson. Ses yeux lui sortaient de la tête tant
elle était belle à regarder. La lune éclairait son corps
nu et ses cheveux de feu virevoltaient tout autour d’elle.
Son chant fait de sons incompréhensibles semblait appeler
le jeune homme à danser avec elle.
Nicolas était très excité à la vue du corps nu de la jeune
fille. Lui qui n’avait encore jamais vu pareil spectacle.
Il sentit son sexe se durcir dans son pantalon et ne put
s’empêcher de passer sa main dessus et de commencer à se
caresser légèrement. Puis son geste se fit de plus en plus
rapide. Son souffle se fit de plus en plus fort et il eut
peur de se faire entendre.
D’ailleurs, la sauvageonne s’arrêta net de danser. Elle
jeta la tête en arrière et lança un regard terrifiant dans
la direction du jeune homme. Pris de panique, celui-ci éjacula
dans sa main et resta agenouillé derrière son buisson.
La fille s’approcha de lui. Tout près. Son haleine sentait
la menthe fraîche et son corps embaumait la terre et la
sueur. Elle renifla Nicolas comme si elle avait été une
bête. Il était pétrifié et se mit à pleurer. Elle lui lécha
ses larmes de sa langue et lui prit la main. Le jeune homme,
surpris, se leva et se laissa entraîner vers le milieu de
la clairière.
La sauvageonne ne lui lâcha pas la main et la posa sur son
sexe humide. Nicolas était rouge de confusion et d’émotion.
Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. La fille
se caressait avec la main de Nicolas qui recommençait à
avoir une érection. Elle se cambrait sous les caresses qu’elle
se donnait et gémissait de plaisir. Le jeune garçon sortit
son sexe raidi et attrapa la main de la fille pour lui offrir.
Celle-ci le poussa au sol et se jeta sur lui.
En quelques secondes, elle avait avalé la queue du garçon
qui hurlait son plaisir. Sa langue était comme folle. Elle
lui léchait chaque partie de son membre à une vitesse incontrôlable.
Nicolas se trémoussait, mais n’osait pas entreprendre quoi
que ce soit ni même la toucher. Puis, d’un coup sec, elle
s’empala sur lui en poussant des gémissements qui ressemblaient
plus à des cris de bête qu’à des cris de femme. Et elle
hurla. Comme une louve ou une chienne qui hurle à la mort.
Nicolas ne bougeait plus. Elle se donnait du plaisir sur
lui sans qu’il n’ait rien à faire. Elle retomba sur son
corps, gémissant et haletant fort. Puis elle se retira de
sa queue et se mit à genoux, l’invitant d’un coup de tête
à se placer derrière elle. Nicolas s’agenouilla et se mit
à la prendre comme il avait pu voir les taureaux ou les
boucs le faire. Il sentait une douce chaleur l’envahir.
La fille se trémoussait et s’enfonçait sur son membre dans
un rythme saccadé. Le jeune homme jouit en elle en criant.
La fille s’arrêta de bouger et se leva. Nicolas était allongé
par terre, ruisselant et souriant béatement.
La sauvageonne s’approcha de la maison et revint avec une
pioche. Elle se mit à taper sur Nicolas de toutes ses forces.
Il tomba au premier coup. Un ruisseau de sang coula de sa
tempe. Elle jeta sa pioche et se pencha vers le corps inerte.
Par petits coups de langue, elle se mit à laper le sang
et s’en badigeonna le visage et le corps. Puis elle reprit
sa danse endiablée à la lueur de la lune.
Plus tard, elle traîna le corps du jeune homme derrière
sa maison. Et alla se coucher. Le lendemain au village,
la disparition de Nicolas ne passa pas inaperçue. Tout le
monde se mit à sa recherche. Bien entendu, on pensa bien
à la chaumière du bout de la route du Mai mais personne
n’osait s’y rendre. C’est le curé qui fut le plus courageux.
Il prit son ombrelle pour ne pas attraper un coup de chaud
et se mit en route.
Il arriva devant la maison de la sauvageonne en sueur tant
le soleil chauffait. Il inspecta les alentours puis tapa
à la porte. La fille ouvrit. Apeurée.
- N’aies pas peur mon enfant… Je viens juste te parler…
Je peux entrer ?
Elle lui fit signe de s’asseoir sur le coffre de bois puis
retourna au fond de la maison. Le prêtre inspecta la demeure
d’un air un peu inquiet. Il était le seul à y avoir pénétré.
Une fois une dizaine d’années auparavant pour demander à
la mère d’inscrire sa fille à l’école et une autre fois,
l’hiver d’avant pour prendre le corps de la mère et l’emmener
au village pour l’enterrer.
Il se souvenait d’ailleurs parfaitement de ce jour-là. La
fille avait hurlé comme une bête. Pas un des hommes venus
aider le curé n’avait osé entrer dans la maison et c’est
le brave homme qui avait porté la mère jusqu’à la charrette.
La fille s’était accrochée à lui, le faisant presque tomber
dans la neige. Et elle n’avait pas quitté le corps de sa
mère jusqu’à ce qu’on la mette en terre. Là-bas, dans le
petit cimetière du village.
Elle était restée toute la nuit sur la terre au dessus du
cercueil. Le matin elle avait disparu. Le gardien du cimetière
aussi. On l’avait donc soupçonné d’avoir effrayé la petite.
Et puis il n’est jamais revenu au village.
La sauvageonne tendit une tasse au prêtre qui l’accepta
poliment.
- Merci. Tu fais des tisanes comme ta mère ? Tu n’es pas
bavarde…
- Hum… - Ah mais tu as une langue ! Viens par là la Jeanne,
viens me dire ce que tu as vu hier soir…
Jeanne, car c’était son prénom mais que personne n’utilisait
plus depuis bien longtemps, s’approcha sans méfiance du
curé. Il l’attrapa et l’installa sur ses genoux.
- Alors Jeanne… Dis-moi, tu as vu le Nico cette nuit, hein
?
- Hum…
- C’est oui alors ? Et tu lui as fait quoi ?
- …
- Allez tu peux me parler à moi, tu sais bien que je suis
là pour t’aider…
- …
Tout en la questionnant, le curé caressait les genoux de
la jeune fille sous le tissu rêche de sa robe. La Jeanne
sentait une chaleur monter en elle et une moiteur au niveau
de son entre-jambe. Elle sentit également que l’homme bandait
fort sous sa soutane et eut soudain une envie bestiale de
se faire prendre comme la veille.
Elle se leva alors d’un bond, souleva sa jupe et montra
son cul au curé qui toussa tant il trouva cela beau et tentant.
Il ne se fit pas prier pour remonter sa soutane rapidement
et prendre la Jeanne qui s’affala sur la grande table en
bois.
Tout en la baisant, le curé lui attrapait les seins et lui
mordillait la nuque en psalmodiant des prières pour se faire
pardonner. La Jeanne, elle, gémissait de plaisir et jouit
à trois reprises. Quand le prêtre éjacula en elle, elle
se retira prestement, remis sa jupe en place et sortit chercher
la hache.
Le curé n’eut pas le temps de la voir arriver. Il leva un
bras pour se protéger mais elle lui trancha la main d’un
coup sec. Il hurla de douleur et voulut s’enfuir. Elle lui
planta la hache dans le dos, au moment même où il essayait
d’ouvrir la porte.
Le corps lourd tomba sur le sol. La Jeanne le chevaucha
et se mit encore une fois à lécher le sang répandu. Puis
elle se frotta contre lui et se fit jouir une dernière fois.
Elle eut plus de mal à l’emporter derrière la chaumière
que le Nico.
Mais elle avait déjà mis tellement de corps sous le tas
de fumier qu’elle y réussit quand même. Le premier avait
été un voyageur égaré. Il était venu au début de l’hiver.
La mère avait ouvert la porte, surprise. Puis elle avait
offert de l’eau et de la soupe à l’homme visiblement affamé.
Et quand la mère lui avait proposé de dormir car la nuit
était déjà tombée et la neige était bien dense, il avait
hésité un instant puis accepté. Dans la nuit, Jeanne entendit
des gémissements répétés mais n’osa pas ouvrir les yeux.
Elle se rendormit en mettant sa tête dans ses bras pour
ne plus entendre. A l’aube, les mêmes gémissements reprirent.
Jeanne, avec la lumière du soleil qui entrait dans la maison,
aperçut sa mère affalée sur la table et l’homme qui lui
enfonçait quelque chose dans les fesses. Elle écarquilla
les yeux et s’apprêta à bondir hors de sa couche mais sa
mère ne semblait pas souffrir. Au contraire, elle se caressait
les seins et avait l’air d’aimer ce que lui faisait l’homme.
Ce dernier, derrière la mère, poussait des cris rauques
et s’arrêta net, dans un dernier râle. La mère rabaissa
sa jupe et se retourna. L’homme rajusta son pantalon et
Jeanne eut le temps de voir son sexe énorme et ruisselant
d’un liquide blanchâtre. Elle ferma les yeux et fit semblant
de dormir.
Quelques minutes plus tard, elle entendit le sifflement
de la cafetière sur la cheminée et un grand coup sec. Puis
le bruit du corps de l’homme tomber sur le sol. Jeanne sortit
lentement de son lit. Elle regarda la mère qui se tenait
debout. Droite comme un i. La hache à la main. La bave aux
lèvres.
Jeanne s’approcha et prit la hache des mains de sa mère.
Elle alla nettoyer le sang qui était dessus à la fontaine
devant la maison. Quand elle revint, la mère était allongée
sur l’homme et buvait son sang. Jeanne, intriguée, se pencha
également. Sans un mot, elles échangèrent des regards complices
et Jeanne goûta au sang.
Ensuite, ensemble, elles portèrent le corps sous le tas
de fumier et n’en parlèrent plus jamais. Plus tard, il y
eut ce jeune médecin, perdu également et qui cherchait le
village. La mère lui indiqua la route mais il avait insisté
pour entrer. Et quand il avait voulu ausculter Jeanne de
plus près, la mère avait sorti sa hache. Jeanne eut à peine
le temps de se pousser que la main armée de la mère s’abattait
sur la table. Le jeune médecin hurla de peur.
Alors la mère posa la hache et souleva sa jupe. Elle l’obligea
à la lécher là où elle était poilue. Le jeune homme s’agenouilla
et s’exécuta. Puis la mère poussa quelques cris et rabattit
sa jupe. Elle souleva ensuite celle de Jeanne et la poussa
devant le médecin. Celui-ci, la mine réjouie, se jeta sur
le petit duvet blond de la jeune fille et fouilla son sexe
de sa langue rapide. Jeanne eut de nombreux frissons qui
lui parcourut tout le corps. Elle ne put s’empêcher de pousser
le même genre de gémissements que sa mère et sentit ses
seins se durcir jusqu’à lui faire mal. Elle découvrit le
plaisir pour la première fois.
Le médecin se releva et attrapa Jeanne par la taille. Puis
il la posa sur la table et sortit son sexe de son pantalon.
Il s’enfonça en elle d’un coup et arracha un cri de douleur
à la jeune fille. La mère, assise près de l’âtre, se leva
en silence. Pendant que le médecin s’escrimait en va et
vient répétitifs dans la chatte de Jeanne, celle-ci, malgré
la douleur de cet énorme membre planté en elle, commençait
à ressentir les mêmes frissons que lorsqu’il la léchait.
Puis il jouit fort en elle. Et se retira. Il remit son pantalon
et s’essuya le crâne et les tempes trempés de sueur avec
sa manche.
Jeanne descendit de la table. La mère, de ses deux mains,
retirait la hache qu’elle y avait plantée. Jeanne, se doutant
de ce qu’elle allait faire, sortit dans la cour et alla
se laver le sexe à la fontaine. Elle n’entendit qu’un bruit
sourd dans la maison. Le médecin fut mis, lui aussi, sous
le tas de fumier.
La mère expliqua alors à Jeanne que si elle se faisait à
nouveau toucher par un homme, elle devait absolument l’éliminer
ensuite de façon à ne laisser aucune trace. Et que personne
ne devait être au courant. Jeanne hocha la tête en signe
d’acceptation.
Quand la mère attrapa une fièvre qui la cloua au lit pendant
plusieurs jours, Jeanne tenta de la soigner avec les herbes
qu’elles avaient l’habitude d’utiliser. Mais rien n’y fit
et la mère ne se réveillait toujours pas. Alors, un soir
où la neige avait été particulièrement abondante, la jeune
fille prit la route du Mai et se rendit au village.
Elle tapa timidement à la porte du presbytère et fit comprendre
au curé qu’il devait la suivre. Celui-ci comprît que la
mère devait être mal en point et prit avec lui son sac de
cuir noir. En chemin, il demanda à quatre hommes de venir
avec lui.
Quand la mère fut enterrée dans le cimetière du village,
la Jeanne passa la nuit allongée sur la terre humide et
gelée. Au matin, le gardien vint la réveiller. Celle-ci
ne voulant pas partir, il la menaça de son bâton. Puis,
vérifiant que personne ne les voyait, il sortit son sexe
tout raide et le présenta à la fille. Celle-ci le fixa et,
sans hésiter, le prit dans sa bouche. L’homme fut tout surpris
mais se mit à baiser la jeune bouche avec une vigueur qu’il
ne se connaissait pas. Il lâcha son liquide blanc dans le
fond de sa gorge. Jeanne recracha le tout sur le sol et
se releva. Elle saisit le bâton du gardien et se mit à le
taper de toutes ses forces.
Quand il tomba, mort, il ne saignait pas beaucoup. Alors,
Jeanne le griffa de ses ongles et lapa silencieusement le
sang. Et comme elle ne pouvait pas l’emmener sous le tas
de fumier avec les autres, elle trouva une pelle près de
la porte d’entrée et creusa la terre fraîche de la tombe
de sa mère. Elle poussa le corps encore chaud au fond du
trou et reboucha le tout. Puis elle repartit chez elle,
couverte de sang, de sperme et de terre.
Ce matin-là, en recouvrant le corps du curé de fumier, Jeanne
se mit à pleurer. Elle se disait bien que tout cela ne pourrait
pas durer. Que quelqu’un allait savoir. Que quelqu’un allait
venir. Qu’il faudrait encore…
Elle retourna dans la chaumière. Rassembla ses quelques
vêtements et le reste du pain qu’elle avait fait la veille.
Elle mit le tout dans le sac de cuir noir du curé en prenant
bien soin de le vider. Elle ne garda qu’une croix en fer.
Puis elle saisit les allumettes posées près de la cheminée
et alluma un premier brasier sur son lit de paille.
Le feu prit très vite. Elle en alluma un second dans un
autre coin de la maison. Puis un dernier sur le tas de fumier.
Et s’éloigna pour contempler le spectacle des flammes qui
léchaient et engloutissaient la maison où elle avait toujours
vécu.
Elle prit la route du Mai puis se ravisa. Personne ne devait
la voir au village. Alors, elle fit demi-tour et passa par
les bois.
Au village, on fut bien triste qu’un terrible accident ait
pu causer la perte de Monsieur le curé et de cette jeune
sauvageonne. Aujourd’hui, la clairière maudite, comme les
gens l’appellent, est visitée les nuits de pleine lune par
une voix enchanteresse. Mais on raconte que celui qui s’y
égare n’en reviendrait pas.
Jeanne, elle, est partie dans un autre village. Loin. Très
loin. Elle a marché de nombreuses nuits pour que personne
ne la voit. Se reposant le jour dans les forêts. Au bout
de quelques semaines d’errance, elle a trouvé une bergerie
abandonnée et s’y est installée. Personne n’est venue la
déranger. Elle se mit à cultiver les herbes qu’elle avait
emmener et s’aménagea un peu de confort dans cet abri.
Un matin, à la recherche d’un endroit insolite et isolé
pour y prendre quelques photos, je la rencontrais. Ses yeux
couleur de mer et ses cheveux couleur de feu ne m’ont pas
effrayée. Elle me confia, dans une langue qui ressemblait
à un dialecte mais que je finis par comprendre en quelques
heures, toute l’histoire que je viens de vous raconter.
Elle m’offrit une tisane délicieuse et me montra le vieux
cahier où elle tenait ses comptes. La Jeanne, savait lire
et écrire et parler. Elle m’autorisa à prendre une photo
d’elle et me fit promettre de revenir la voir.
Je revins quelques années plus tard. Elle vivait toujours
là. Plus âgée et presque sénile, elle ne me reconnut pas
et me chassa à coup de pierres. Au dessus de la porte de
sa bergerie, j’eu le temps de voir qu’elle avait accroché
le crucifix du curé. Je n’ai pas osé lui dire qu’il était
à l’envers…
Chaperonrouge août 2003
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