TITRE : La main
Catégorie : 
Plaisir Solitaire
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La main s'est perdue dans la vallée entre les seins. Elle cherche, revient sur ses pas, repart.

Sans le vouloir, elle soulève le débardeur blanc et s'agace.

Les doigts trouvent le volume doux et ferme d'un sein jeune, altier. Ils caressent le téton, le pincent, le titillent. Ils s'amusent de ses frémissements involontaires. Deux doigts le font rouler. Le sein se gonfle de désir et de plaisir avoué ; le mamelon s'érige et le téton frétille de joie sous la caresse indicible.

La main descend doucement, poursuivant son voyage. Elle arrive au ventre, le caresse, le masse, le palpe. Roulent sous ses doigts les régions érotiques qui savent déclencher des plaisirs insondables. Elle creuse ses envies de donner du bonheur en dessinant plus fort la couleur du vouloir jouir animal.

Le nombril est là, charmant puits rose et doux, charnel témoin d'une matrice ancienne. Elle joue avec, le redessine, en escalade les abrupts et plonge au sein de ses profondeurs carmin puis elle ressort, fureteuse.

La main ne masse plus, elle caresse, impérieuse, prêtresse du désir. Une vaguelette de joie vient aux reins, doucement. Le bassin se soulève, hésite et se repose. Les yeux clignent, se ferment et se rouvrent : ce n'est pas encore le moment...

Les doigts plongent vers le mont de Vénus, se frayent une voie dans la forêt rase par nature, d'un chatain exquis. Le bombé de ce mont évoque une duveteuse tendresse. C'est un appel à la douce caresse du vent fripon. Ils s'arrêtent au seuil de la tendre mandorle féminine suintante de plaisir, frissonante d'émotions charnelles. Son fruit s'entrouvre, offert aux manuélisations impudiques.

La main se réunit et sa tranche se pose sur les chairs. Elles ont une couleur sanguine, gorgées de la certitude du plaisir qui vient. Une onde fait frémir les paupières, s'entrouvir la bouche. Les dents se choquent. Premiers signes de l'orgasme. Les doigts pèsent sur les lèvres, frottent en insistant, excitant tous les sens, jouant frénétiquement les notes d'une partition venue du fond des âges.

Les nymphes, dévoilées, s'offrent comme fruit mûr aux caresses désordonnées des doigts qui chiffonent les pulpeuses lèvres ourlées de jus mielleux.

L'air, soudain embaumé de senteurs marines, vibre d'images d'une volupté toute dite, sans retenue aucune.

Un doigt peu sûr s'avance, puis prend de l'assurance, glisse, s'intromet peu à peu. Il entre dans le chaud et doux tunnel puis ressort. Il rentre, décidé à faire hurler de plaisir ce corps auquel il appartient. Ses mouvements sont violents, il se retourne vers la voûte du sanctuaire si tendrement violé par le consentement du cerveau de la jeune femme. Il trouve ce grumeleux endroit aux reliefs affolant toutes les convenances et le frotte, insistant, furieux, acharné à faire jouir ce sexe qui le veut.

Un autre doigt se place sur le bouton, le fait rouler, le presse sur le pubis, le caresse, le décapuchonne pour mieux en profiter. Il l'étire, le maltraite. Le clitoris, en retour, frémit de sa jouissance, unique organe au monde dédié au plaisir de ce sexe affamé.

Des ondes se déclenchent de toutes part. Le cerveau ne sait plus rien. Il se laisse aller dans ce bain de ciel bleu, orange et s'abandonne.

La jeune femme n'est plus qu'un sexe et une main.

Le maelström submerge tous les sens, affole les convenances qui ne sont plus de mises en ce moment affreux de tant de suaves sensations. C'est si bon... Indéfinissable, animal, brutal et tendre paradis des envies sexuelles.

Les sensations viennent, irrésistibles, rouleau-compresseur de plaisir indicible. Que ça dure... Encore, toujours, ne jamais plus être ailleurs qu'ici, sous ce ciel étoilé de milliards d'aiguilles qui se plantent dans le corps abandonné avec une force si douce pour vriller le temps de la jouissance !

Le bassin se soulève, roule, tangue, va et vient sur le doigt fouaillant l'endroit unique. Un autre doigt, vite ! Les cheveux collent aux tempes, électrisés par le bonheur du jouir. L'échine s'affole, se tord, traversée de courants inconnus qui naissent dans ses reins. Les jambes tremblent, vacillent. Incontrôlables mouvements du plaisir.

La jeune femme n'est plus qu'un sexe et une main...

Délicieuse torture des vagues successives qui recouvrent tout, oublieuses du temps qui passe. La gorge pulse des cris, des soupirs et la plainte si bonne envahit tout l'espace. La tête roule sous les aiguilles délicieuses qui investissent le sexe et la main.

La frénétique amplitude du plaisir de l'orgasme prend possession de tout l'être. Que ça ne finisse pas. Le corps vibre sous des tortures d'une douceur si suave que les lèvres attrappent des morceaux de vent en les suçant comme bonbons.

L'antre ineffable s'ouvre à force de caresses qui le font béer de joie. Il livre des flots grossissant d'instant en instant de cyprine odorante, fougère et sueur mêlée.

La main quitte un instant le sexe et goûte ce mets unique, chargé de senteurs femelles. Il apprécie le miel, comme un ourson gourmand goûtant cela pour la première fois.

L'air a des senteurs marines épicées.

La respiration est heurtée, saccadée, syncopée comme une musique barbare qui cogne sur ses tambours ; la salive a fui cette bouche infernale et sauvage tandis que les lèvres se décolorent et sont devenues froides. Belle petite mort, délicieux abandon de tout l'être.

Jouir, encore !

Les sensations enflent, comme un choeur d'opéra où l'on rajouterait des choristes au fur et à mesure que la partition se joue. Elles grossissent, envahissent tout. Le corps se rend, vaincu par ce plaisir qui arrache avec douceur les armes du vaincu. L'orgasme continue, envahissant les sens, bouleversant tout sur son passage, comme une vague immense, arrachant tout ce qui n'est pas violence acceptée pour en profiter de plus en plus. Le coeur s'affole à se rompre, la poitrine fait délicieusement mal, les seins sont tendus comme un cuir, les jambes ne savent plus rien. Elles se joignent, se réouvrent, se referment sans aucun rythme sensé, battant au son des plaintes et des gémissements sauvages. Puis...

Peu à peu, la respiration se fait plus ample, plus sereine, plus égale. Comme un coureur après le marathon le plus rapide de tout sa vie. Le coeur cogne de moins en moins fort sous le sein affolé, se résignant, enfin, à battre à l'unisson de l'esprit qui se souvient de ces moments indicibles au goût de miel et de pain grillé.

Les ailes du nez ne se pincent plus en laissant passer l'air. Les yeux s'entrouvrent enfin, abandonnant au ciel leur concentration sur la jouissance bouleversante. Le corps entier se détend. Les cuisses ne tremblent plus, retrouvent leur tonus. la tête repose, enfin calme. Les yeux clos se rouvrent sur le ciel de leur bonheur humain. Le souffle est serein, goûtant par les narines les odeurs du plaisir.

Un sourire ample et soyeux qui découvre les dents, éclaire le visage de l'objet du plaisir qui s'enfuit doucement. L'intense et âpre lutte de la jouissance laisse place à une folle sensation de bien-être.

La main se retire, abandonnant au bien-être le corps qu'il a fait jouir en le torturant de joies ineffables.

- Tu as aimé ma main, Marie ?

- Oui...

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