Je suis femme au foyer. Mais, depuis que les enfants sont
grands, je fais un peu de bénévolat dans diverses associations
caritatives.
En particulier, juste après la canicule, je me suis beaucoup
occupée de personnes âgées. J'allais leur rendre visite,
je faisais leurs petites courses, je leur tenais un peu
compagnie... L'aspect « contact humain », « chaleur humaine
» me plaisait beaucoup. Mais il y avait aussi, dans le cadre
de cette activité, d'autres tâches un peu plus rébarbatives.
Un jour, je me suis retrouvée chez un vieillard particulièrement
difficile.
Je crois bien qu'en fait de vieillard, il n'était d'ailleurs
pas si vieux que ça, le père Junaut : soixante-cinq ans
grand maximum. Par contre, il avait beaucoup souffert et
n'avait pas été épargné par les maladies. On avait dû lui
couper une jambe et l'autre n'était plus très valide. Il
passait le plus clair de son temps dans un fauteuil roulant,
allant de la fenêtre à la cuisine, de la cuisine à sa chambre
et de sa chambre à la fenêtre, et ainsi de suite durant
toute la journée. C'était une bien triste vie, particulièrement
monotone.
Il me raconta qu'il avait été bûcheron, puis cantonnier
et de nouveau bûcheron, quand on l'avait surpris bourré
comme un clodo, avec deux ou trois bouteilles de « pinard
» derrière la « cravate ».
C'était un être fruste, rustre et bougon, il avait vraiment
tout pour plaire ! Jamais un sourire, jamais un remerciement,
une mine perpétuellement renfrognée, il n'avait rien du
petit vieux de bonne compagnie, il se plaignait sans cesse,
de quoi vous décourager d'être gentille avec lui.
Un jour qu'il m'avait exaspérée pour une vulgaire histoire
de serpillière :
- Mais qu'est-ce que vous aimeriez, vous, monsieur André
? Vous dites toujours que rien ne va, vous dites toujours
que rien n'est bien... mais vous ne dites jamais ce que
vous, vous souhaitez, quel genre de vie vous aimeriez avoir.
- La seule chose que j'souhaite : c'est d'avoir une vraie
femelle, bien en chair, bien en chaleur, à ma disposition
et d'pouvoir en abuser !
Stupéfaite de sa réponse, j'ai tourné la tête vers lui.
- Ben, oui, me r'gardez pas comme ça. Vous d'vez savoir
c'que c'est, vous, d'avoir des nichons et une moulasse.
Eh ben moi, c'est c'que j'ai envie : une bonne pétasse bien
sagouine, avec de belles tétasses.
« On se calme, on se calme ». J'étais en train de lui préparer
tout un laïus dans ma tête, sur son grand âge, qui ne lui
permettait peut-être plus d'envisager pareilles péripéties
et sur le fait que les femmes n'étaient pas de vulgaires
tas de viande à consommer... lorsqu'il ajouta :
- Et vous, la bonniche, vous pourriez pas m'montrer tout
ça ? Z'avez l'air bien roulée. D'vez être bien pourvue !
Je n'en croyais pas mes oreilles. D'autant plus qu'il continuait
à déblatérer ses sottises :
- D'mon temps, les bonniches, c'étaient toutes de vraies
salopes, de vraies p'tites gourgandines. J'en ai connu qui
s'baladaient à poil dans la forêt. Pas peur du loup, ces
p'tites catins.
Je n'en revenais pas. Depuis que je le connaissais, il
n'avait jamais été aussi bavard !
- Allons, allons, monsieur Junaut, calmez-vous. D'abord,
je ne suis pas une « bonniche », comme vous dites, et en
plus, je suis une femme mariée.
- Mariée, mon cul, ce sont les plus cochonnes !
Inutile de continuer à discuter, je suis rentrée chez moi.
J'avais presque envie de téléphoner à l'association pour
leur dire que je ne retournerais plus là-bas, qu'ils n'avaient
qu'à se trouver quelqu'un d'autre pour rendre visite à ce
vicieux pervers.
Et puis, non, finalement, je me suis calmée, j'ai pris
sur moi. Après tout, ce n'était pas si grave que ça, tous
ces délires verbaux. Et si ça lui faisait plaisir de proférer
des insanités, s'il n'avait plus que ce plaisir-là dans
la vie, c'était toujours mieux que de tourner en rond entre
la fenêtre et la cuisine. De toute façon, vu son état, je
ne risquais pas grand-chose, je le voyais mal se jeter sur
moi et me violer.
Le lendemain matin, je me prélassais dans mon lit. Mon
mari était parti au travail et les enfants étaient à l'école.
J'étais un peu énervée. La veille au soir, Franck était
fatigué. Ces temps-ci, ça lui arrivait de plus en plus souvent
d'être « fatigué ». Toujours est-il que je me sentais frustrée
! Est-ce pour cela que je me suis caressée ? Cela m'arrivait
de temps en temps, en général en pensant à des inconnus
croisés dans la rue ou dans les boutiques.
Etait-il normal de penser à quelqu'un d'autre qu'à son
mari, quand on faisait ces choses-là ? Les autres femmes
réagissaient-elles aussi de cette façon ? Cela prouvait-il,
au contraire, que je n'étais pas tout à fait normale, ou
que je n'étais pas vraiment amoureuse de lui ? Autant de
questions qui demeuraient pour moi sans réponse, mais que
je m'étais souvent posées.
Or, ce jour-là, au comble de l'excitation, je me suis surprise
à penser au père Junaut, à ce qu'il m'avait dit la veille
au soir. Je repensais à ça, et aussi à la fois où il était
tombé dans la salle de bains et où je l'avais aidé à se
relever. Lors de cette épreuve, j'avais entraperçu son sexe,
un engin impressionnant qui pendait bêtement entre ses cuisses.
Je n'avais encore jamais vu un truc pareil. Je m'étais même
posé la question de savoir ce que cela pouvait bien donner
une fois en érection.
Et voilà que je me repassais toutes ces séquences dans
ma tête en caressant mon minou, j'essayais d'imaginer les
« bonniches salopes » de son enfance, je revoyais le visage
lubrique de cet homme quand il me reluquait. Il n'avait
pourtant rien d'un Apollon ! Bien au contraire, il était
franchement laid, d'une laideur répugnante, un peu le style
"homme des bois", un gros yéti poilu au visage profondément
creusé par des rides ancestrales.
Paradoxalement, plus je pensais à lui et plus le côté primaire
de l'individu m'excitait. Je m'imaginais tripotée sans délicatesse
par cet être vulgaire. Je l'imaginais usant et abusant de
moi comme d'une fille de mauvaise vie, comme d'une fille
facile.
J'eus un orgasme fulgurant, d'une intensité inhabituelle,
beaucoup plus puissant que ceux que j'obtenais généralement
par ces simples caresses.
Tandis que la jouissance retombait lentement, je m'en suis
vraiment voulu d'avoir fantasmé ainsi sur cet homme. « Mais,
qu'est-ce qui t'arrive ? Tu deviens folle ? » C'est vraiment
le genre de choses que je n'aurais jamais pu raconter à
Franck, ni même à mes copines. J'aurais vraiment eu trop
honte de moi !
J'ai préféré penser à autre chose pour me changer les idées.
J'ai appelé une amie et nous sommes sorties toutes les deux
faire du shopping.
Le lendemain, je devais retourner là-bas. En montant l'escalier,
j'ai soudain été prise d'inquiétude. « Pourvu qu'il ne recommence
pas comme hier à déblatérer ses insanités ! »
Mais non, il était devant sa fenêtre et ne disait pas un
mot. J'ai fait un peu de ménage dans sa chambre, puis j'ai
ramassé son linge pour faire une lessive.
Et là, je ne sais pas ce qui m'a pris... mais, alors que
j'étais en train de remplir la machine à laver, j'ai porté
ses slips à mon nez. Pouahhh ! Quelle odeur ! Surtout cette
grande culotte qui était toute jaune. Mais cela ne m'a pas
empêchée de recommencer. J'ai respiré ses nippes durant
un bon moment, m'imprégnant au maximum de cette odeur de
pisse. Et, ce faisant, je me suis mise à mouiller comme
une damnée et j'ai senti mes seins durcir.
« Reprends-toi, ma fille, tu files du mauvais coton »,
a dit la petite voix qui me parlait à l'intérieur.
J'ai essayé de me contrôler. J'ai fermé la machine et je
suis retournée dans la salle de séjour. André était toujours
à sa fenêtre, statique et confiné dans son silence, complètement
étranger à ma venue.
- Monsieur Junaut, je vais aller faire les courses. Il
y a tout sur la liste ?
- Faut penser aux cigarettes !
- Oh ! Vous fumez bien trop.
- Qu'est-ce qu'ça peut bien vous foutre ?
L'air frais m'a remise d'aplomb et, pour un court instant,
j'ai eu les idées en place.
Pourtant, lorsque je suis rentrée chez moi, quelques heures
plus tard, je me suis à nouveau caressée, cette fois-ci
sous la douche, en repensant à l'épisode des slips jaunis.
Et, à nouveau, j'ai joui, intensément, en l'imaginant en
train de me toucher sur tout le corps avec ses mains calleuses.
Après ce court exercice libérateur, j'ai appelé ma psy.
Je me sentais perdue. J'ai insisté pour avoir un rendez-vous
d'urgence : tout de suite ou le plus tôt possible.
- Mais oui, j'en ai vraiment besoin. Comprenez-moi, Madame,
je suis paumée, comme une petite fille fragile, tout au
fond du puits.
- A 20 heures, et c'est bien parce que c'est vous !
Mais non, elle n'a pas dit ça comme ça ! Elle a enrobé
le tout dans de jolies périphrases, en me faisant comprendre
qu'elle me faisait une fleur. Ca m'a un peu déçue. Ces derniers
temps, les rapports étaient un peu tendus entre nous.
Franck avait horreur que je ne sois pas là pour le dîner.
Je participais à son petit confort : il lui fallait sa petite
femme, ses petits plats, sa petite télé et ses enfants rieurs.
Rieurs, mais pas trop, car il y avait école le lendemain...
et ce pauvre petit chou avait, lui aussi, besoin de se détendre
après une dure journée de labeur !
Finalement, c'est ça que j'ai raconté à ma psy, pendant
mes quarante minutes autorisées, avec une voix pleurnicharde
:
- Ma vie est un enfer, un éternel ronronnement d'habitudes
ordinaires. J'aurais aimé être danseuse dans un ballet mais
je ne suis que mère au foyer, sans profession et sans espoir.
J'ai déversé mon flot de banalités puis j'ai payé mon dû
: mais pas un mot sur le père Junaut, et pas un mot sur
mes masturbations adultérines. Rien, nada, je suis repartie
avec tout mon mal-être.
La nuit venue, lorsque je me suis endormie, j'ai à nouveau
pensé à Lui. Lui, lui et lui, je ne pensais plus qu'à lui
ces derniers temps, ça me rendait malade.
Je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait, je n'avais jamais
été comme ça auparavant... jamais, avec personne. J'ai fermé
les yeux, l'image de ma démence m'a hanté la tête pendant
un long moment.
Le surlendemain, je devais passer le voir. Je n'y suis
pas allée. J'ai prétexté une légère fatigue et j'ai demandé
qu'on me remplace.
J'ai tenu bon encore plusieurs jours, espérant oublier
jusqu'au souvenir de cet homme. Mais il me torturait à distance.
J'ai revu dans ma tête l'épisode où j'avais mis cette petite
robe d'été, peut-être un peu plus échancrée qu'à l'habitude,
et où il m'avait regardée avec attention pendant toute la
matinée. Et cette autre fois encore où, alors que j'étais
aux toilettes, il avait ouvert la porte. Au lieu de s'excuser,
il m'avait dévisagée comme ça pendant un bon moment. J'étais
hyper gênée et j'avais hâte qu'il s'en aille, je m'étais
sentie violée dans mon intimité par ce mélange de curiosité
et de lubricité malsaine. Pourtant, j'avais subi cette inspection
très passivement et sans protester.
Plein de petits détails me revenaient désormais en mémoire
: je m'apercevais tout d'un coup que, durant toutes ces
semaines, nos rapports avaient été souvent équivoques, en
général de son fait, mais avec ma complicité passive. J'aurais
dû être plus ferme, mettre les choses au point. Au lieu
de ça, j'avais laissé filer, j'étais restée dans une parfaite
ambiguïté.
A chaque fois qu'il me regardait, c'était avec des yeux
plein de sous-entendus. Concrètement, visiblement, objectivement
et sans aucun doute permis : il devait me trouver très à
son goût pour me regarder ainsi.
Et, le reste du temps, c'était parfaite indifférence.
Je suis repassée à l'association et j'ai croisé ma « remplaçante
», une belle jeune fille au regard très frais.
- Comment il va, le père Junaut ? ai-je demandé.
- Couçi, couça. Il m'a parlé de vous. Vous faites tout
mieux que moi, paraît-il. Alors il m'injurie. C'est vraiment
un malappris ! Vous ne voulez pas y retourner ? Je ne peux
déjà plus le supporter, ce vieux retors. Heureusement que
les autres ne sont pas tous comme ça !
Finalement, j'ai accepté d'y retourner à sa place, par
compassion, me suis-je dit pour me donner bonne conscience,
pour que cette jeune femme fraîche et pure ne soit plus
ennuyée par ce vilain grincheux. J'ai le sens du sacrifice
!
J'y ai repensé dans la voiture, mais je me sentais surtout
prête à faire de grosses bêtises...
Le lendemain matin, j'ai pris le temps de bien m'habiller.
J'ai choisi soigneusement mes sous-vêtements, j'en ai essayé
plusieurs pour finalement opter pour un ensemble en satin.
Par-dessus, une jupe un peu courte et un haut, légèrement
transparent. Je me suis regardée dans la glace. Je ne faisais
vraiment pas aguicheuse, plutôt femme libérée, dynamique
et bien dans sa peau. J'étais contente du résultat.
Les gens qui me croisaient dans la rue n'auraient pas pu
supposer que j'étais en train de me rendre... chez un amant.
Et pourtant, dans ma tête, c'était fort tumultueux. J'étais
partie dans l'idée qu'il allait forcément se passer quelque
chose.
En montant les escaliers, j'étais tout excitée, comme une
jeune fille qui va à son premier rendez-vous galant. Pomponnée,
parfumée, maquillée, j'avais mis tous les atouts de mon
côté.
Lorsque je suis entrée dans la pièce, je crois qu'il a
tout de suite perçu la différence. Je l'ai vu à son regard
qui m'a déshabillée de la tête aux pieds.
Pour autant, il s'est mis à bougonner :
- Ah tiens, c'est pas l'aut' débile, aujourd'hui ? Ben
c'est pas trop tôt qu'elle se barre, celle-là. Elle sait
vraiment rien faire, cette gourdasse, c'est plus la peine
d'm'envoyer ça ! C'te nullité ! Vous n'aurez qu'à leur dire,
à l'agence, qu'elle vaut même pas une chiure de mouche...
Je n'ai rien répondu. D'ailleurs, que répondre à cela ?
Que nous étions tous volontaires, que nous faisions de notre
mieux... que c'était faire preuve d'une réelle injustice
que de dire des choses pareilles.
J'étais un peu déçue, je ne sais pas ce que j'avais imaginé
dans ma tête, mais en tout cas je n'avais pas prévu ce genre
d'accueil.
J'ai vaqué à mes occupations, sans trop d'enthousiasme,
un peu désespérée.
Il m'a rejointe un peu plus tard alors que j'étais en cuisine
:
- En sortant d'ici, z'allez chez vot'coquin ? me demanda-t-il,
interrogateur.
- Non, pas du tout, pourquoi dites-vous ça, monsieur Junaut
?
- Z'êtes habillée comme une salope.
J'ai accusé le coup. Je l'avais (peut-être) bien cherché.
- J'ai juste essayé de me faire belle.
- On voit tous vos nichons à la lumière. Et avec vot' p'tite
jupette, on dirait vraiment qu'vous avez l'feu au cul.
- Vous voyez le mal partout, monsieur Junaut.
- Sûr qu'vot' mari, il a des cornes.
- De toute façon, cela ne vous regarde pas.
- Ahhh ! Vous voyez bien qu'vous-y allez, à la tireuse
! C'est un p'tit jeune ou il est d'votre âge ? R'marquez,
l'a ben d'la chance celui-là, z'avez de belles tétasses.
J'étais incroyablement gênée, rouge de colère ou rouge
de honte (à moins que ce ne soit tout simplement rouge d'envie),
je sentais son regard insistant parcourir ma poitrine. Son
air franchement vicieux : il évaluait ouvertement la marchandise.
Il a avancé son fauteuil vers moi, j'étais un peu coincée
dans mon petit coin cuisine.
- Allez ! A moi, pouvez ben me l'dire, qu'vous-allez vous
faire culbuter. Il a une grosse pignole, vot' p'tit coquin
?
Pour moi, c'en était trop et j'ai fondu en larmes.
« Mais non, pauvre crétin, j'ai pas de p'tit coquin, c'est
pour toi que je me suis faite belle ! Il est con, ce type,
con, con, et CON. »
Je fulminais à l'intérieur. J'ai pris ma tête entre mes
mains, mon visage était ravagé par les sanglots. Je ne pouvais
plus m'arrêter de pleurer, comme si toute la tristesse de
la terre s'était abattue sur moi.
Cela eut pour effet de lui clouer le bec. Quand j'ai rouvert
les yeux, il n'en menait pas large. Comme quoi, il n'était
peut-être pas si insensible que cela à mes sentiments personnels.
L'idée de me faire honteusement baiser par ce vieil homme
laid et vulgaire m'a à nouveau traversé l'esprit. Le fait
qu'il se soit calmé m'avait complètement débridée et donné
plein d'entrain. Je me sentais toute... émoustillée et toute
ragaillardie. Je n'ai même pas pris la peine de sécher les
larmes qui roulaient en abondance sur mes joues. Je me sentais
bien, franchement bien, beaucoup mieux que depuis des semaines
et sûrement même que depuis des mois.
Le fait de savoir que j'allais faire une grosse bêtise,
que c'était mon choix perso, que j'étais capable d'aller
jusqu'au bout des choses : briser la coque de ce monde dans
lequel je me sentais enfermée, confinée, prisonnière et
finalement esclave...
« En définitive, je n'aurai peut-être pas besoin de tuer
mon mari. »
Cette curieuse idée m'a traversé l'esprit... en référence
à ce jour où, alors que j'étais en cuisine avec un grand
couteau, en train de découper un rôti, j'avais eu des impulsions
de meurtre. Mon mari était passé par là, je le voyais de
dos. J'avais eu envie de m'avancer vers lui et de planter
le couteau dedans...
Par la suite, j'avais tout raconté à ma psychiatre qui
m'avait expliqué que c'était normal, que l'on avait
tous envie, parfois, de tuer des proches... Sauf que moi,
je revoyais clairement le moment précis où j'avais eu l'intention
de le donner, ce coup de couteau. Et pas uniquement l'intention,
car j'avais également déjà amorcé le geste !
Pour résumer : j'avais eu envie de tuer mon mari, et maintenant
j'allais me donner corps et âme à un vieux cochon. Mais
tout était normal, parfaitement normal, la petite
vie ordinaire d'une femme tout ce qu'il y a de plus normal.
Ainsi soit-il !
Je ne savais donc plus trop ce que je faisais, ou alors
je ne le savais que trop bien.
Mes seins étaient dardés, durs comme l'envie d'être possédée,
durs comme l'envie de jouir.
J'ai soulevé ma jupe, franchement, sans fioriture, sans
chichi inutile...
- Jolie culotte ! a-t-il commenté très sobrement.
Culotte que j'ai aussitôt écartée pour lui montrer mon
sexe. Il fallait voir comme il me regardait : j'avais vaincu
la bête, maintenant hypnotisée par mon précieux joyau.
Mais plus j'en faisais et plus j'avais envie d'en faire.
Alors je me suis approchée de lui pour me mettre à sa portée,
lançant clairement l'invite pour tous les attouchements.
Il a compris le message.
Il a allongé le bras et a posé directement sa main entre
mes cuisses avant de remonter lentement vers mon entrejambe.
Le contact de sa main rêche contre ma peau me donna instantanément
des frissons dans tout le corps. Je me sentis fondre plus
encore. La cyprine coulait en moi, comme un torrent tumultueux
qui dévale une pente abrupte.
Il arracha le petit bout de tissu d'un coup sec. Une culotte
en satin que mon mari avait dû payer une fortune, et sa
petite pute de femme n'en avait même pas pris soin. Elle
céda sans résistance sous la force brutale de mon palpeur
qui démasqua mon sexe brûlant.
C'est alors que je sentis les gros doigts d'André s'enfoncer
dans ma grotte et que je gémis sous la caresse. J'attendais
tellement ce moment, depuis quelques jours, j'avais tellement
envie de me donner à lui.
- Une vraie p'tite vicieuse qui jute d'envie ! C'est moi
qui t'fais c't'effet là, ma salope ?
- Oui, c'est vous.
- Et c'est moi qu'tu veux aguicher en t'habillant comme
une pute ?
- Oui, c'est encore vous. (Pourquoi le cacher ? Et puis,
de toute façon, il était très loin du compte ! Il ignorait
à quel point je pouvais être lubrique.)
- Ca t'excite de t'faire un vieux, hein ? C'est ça qui
t'excite, p'tite vicelarde ?
« Oui, oui, oui, ça m'excite d'être une vicieuse, la pire
des vicieuses, la plus socialement condamnable, la plus
tordue, la plus immorale, la plus immonde ! Que toutes les
avanies de la terre s'abattent sur moi. »
Ses doigts fouillaient grossièrement mon sexe. Cette sensation,
pourtant rustique, me mettait dans tous mes états. Moi qui
d'ordinaire appréciais plutôt la gentillesse et les caresses
sensuelles, voici que j'étais honteusement et vulgairement
fouillée par un vulgaire péquenot.
Appuyée contre l'évier, je propulsai mon bassin vers lui
pour faciliter ses caresses. Jamais de ma vie je n'avais
été aussi trempée. Jamais de ma vie je n'avais connu pareil
désir.
Un de ses doigts est même rentré dans mon cul, maladroitement
et sans préparation préalable. Je n'ai même pas réagi, je
m'attendais de toute façon à ce qu'il le fasse. Je m'attendais
encore à bien pire, je m'attendais à tout... et j'étais
prête à tout.
Ensuite, il m'a fait relever et m'a attirée contre lui.
J'ai retiré ma jupe et me suis mise debout, de profil, entre
ses jambes, afin qu'il puisse mieux me toucher et mieux
me masturber.
Il cracha vulgairement dans ses mains. Puis, une main devant,
une main derrière, il recommença à me branler. Il le faisait
sans délicatesse, avec une force et une vigueur auxquelles
je n'étais pas habituée. Je me sentais transpercée, fouillée,
inspectée, violée dans mon intimité la plus profonde. Je
n'en pouvais plus, j'étais comme folle : j'ai mis la main
sur mon clito et j'ai frotté de toutes mes forces, quelques
petites secondes. Ça a déclenché en moi un orgasme fabuleux
qui m'a traversée de part en part. J'étais comme tétanisée,
d'autant plus qu'il continuait de me sonder.
- Eh bien, bon dieu de salope, c'est ce que j'appelle avoir
une grosse envie ! Et si tu t'occupais de ma pignole ? J'crois
bien qu't'as réussi à la faire durcir.
J'ai retiré mon petit haut et dégrafé mon soutien-gorge.
Je voulais être entièrement offerte, soumise à ses désirs,
entièrement nue toute à ses pieds. Puis je me suis attaquée
à son pantalon pendant qu'il torturait mes seins avec ses
doigts calleux.
Avec un peu de mal pour le déshabiller : il ne m'aidait
pas trop. Mais, à force de patience, je lui ai finalement
enlevé son pantalon et son slip.
Son membre était encore un peu mou. Gros, imposant et noueux,
il sentait très fort la pisse. C'était une horreur, mais
ça m'excitait terriblement. Je l'ai senti un court moment
puis je l'ai pris tout de suite en bouche. Je le suçais,
je l'aspirais, je le faisais glisser entre mes lèvres. Ma
langue parcourait son gland, excitait le gros méat puis
glissait le long de la hampe, jusqu'aux couilles que je
gobais, une à une, avant de retourner l'emboucher à nouveau.
Puis, tout en le branlant délicatement avec mes doigts,
j'entrepris de le pomper avec entrain.
Lorsque je le sentis encore durcir dans ma bouche, j'en
fus tout excitée et je me mis à le sucer d'autant plus fort.
Finalement, en érection, il n'était pas si gros que ça
et il n'y avait pas tant de différence avec sa taille au
repos. J'en fus un peu surprise, peut-être un peu déçue.
D'autre part, cela me faisait vraiment bizarre de sucer
un homme avec une jambe en moins, j'étais tout près de son
moignon : cette impression de vide, inquiétante, douloureuse,
et ce besoin de m'appliquer encore plus pour combler cette
invisible souffrance.
Il m'avait pris la tête, il me guidait la bouche. Pour
lui, je n'étais qu'une « suceuse de bite », une « avaleuse
de foutre », une « pute », une « catin », une « traînée
», une « obsédée », une « grosse vicelarde », un « trou
à boucher ».
Je voulais bien être tout cela, et même bien plus encore.
Entre deux insultes, je l'entendais gémir, ça me faisait
du bien, je le sentais venir, c'était bien mieux encore.
J'ai redoublé d'intensité sur sa « pignole », comme il disait.
Il m'a maintenu fermement la tête pour que j'avale toute
sa liqueur, j'ai presque failli étouffer en buvant son jus.
- Ahhh ! la bonne bonniche bien vicelarde ! a-t-il conclu
en reprenant ses esprits.
Le seul problème, c'est que moi j'avais encore envie. Alors
je me suis remise debout devant lui et me suis branlée sans
complexe, face à lui, tout en le regardant. J'avais envie
qu'il me lèche, j'avais besoin qu'il me fouille. Je me suis
assise, cuisses écartées, sur la table.
Il ne comprenait pas, il avait besoin que je sois explicite
:
- Léchez-moi, j'ai encore le sexe en feu.
- Bon dieu d'salope. Rarement vu bonniche aussi vicelarde
!
Il a approché son fauteuil et s'est glissé entre mes cuisses.
Je me suis cambrée en arrière pour mieux offrir ma vulve.
- Hummm, la belle moulasse ! Ca sent la femelle en rut.
J'vais t'la bouffer, ta conasse.
Il n'y allait pas par quatre chemins, je sentais sa langue
râpeuse m'investir l'entrecuisse et avaler mon con mouillé,
une main posée sur chaque cuisse.
Il mangeait bien. Des années que l'on ne m'avait pas mangée
ainsi, à pleine bouche. J'avais envie que ça dure longtemps,
peut-être toute la journée, qu'il me fasse jouir à répétition
avec sa bouche.
Il avait l'habitude de lécher les femmes, il n'oubliait
pas mon petit bouton, il était plus doué pour ça que pour
la branlette. Mais, quand il a ajouté ses doigts, ce fut
encore bien mieux : je devins soudain « femme fontaine »,
je coulais sur lui en prenant jouissance. L'orgasme fut
fulgurant, il but toute ma liqueur.
Etais-je rassasiée ? Je ne saurais trop dire. J'aurais
beaucoup aimé que cela dure beaucoup plus longtemps, éternellement
! Je me suis allongée entièrement nue sur la table. J'étais
à sa merci, le plat de résistance d'un gros festin paillard,
il pouvait faire tout ce qu'il voulait de moi, il avait
toutes latitudes.
Mais il s'est contenté de me toucher, de me palper un peu
partout en me traitant de tous les noms. J'étais une moins
que rien, une grosse salope qui aime se faire des vieux,
une bonniche à piner.
« OUI, j'étais tout ça, j'étais cette sombre chose... et
alors ? ».
Je voulais bien être tout, maintenant que j'étais enfin
quelqu'un.
J'ai regardé la grosse pendule. Merde, je devais aller
chercher ma fille au lycée, j'étais déjà très en retard.
Je me suis relevée, heureuse et satisfaite, je me suis rhabillée
en silence. Je lui ai laissé les résidus de ma culotte.
La bonniche vicieuse avait fini sa journée :
- A demain, monsieur Junaut.
Le soir-même, nous avions un repas prévu entre amis. Nous
étions invités chez des gens charmants, très mondains, qui
adoraient la musique classique. Et je faisais bonne figure,
comme le font tous les « aliens » qu'on parachute sur la
planète, mais je vivais en secret dans un monde très à part.
Un peu l'impression d'être une ethnologue en mission dans
un coin reculé, à l'écart de toute civilisation. Les autochtones
de cette contrée riaient, buvaient, parlaient. Ils avaient
parfois de drôles de mœurs.
Mon fils Gatien a piqué sa crise : l'adolescence dans toute
sa splendeur ! Son père l'a remis fermement à sa place.
C'est ce qui a déclenché le drame.
Car, Franck, un peu plus tard, en se tournant vers moi
:
- Je ne comprends pas que tu ne dises rien, que tu ne fasses
rien, que tu restes assise comme ça...
- Mais arrête de l'enquiquiner, c'est de son âge, laisse-le
donc vivre un peu.
La discussion s'est envenimée jusqu'au fameux :
- Stop, ça suffit, tu m'agaces. Si tu continues, va te
faire f...
Va te faire quoi ? Je voulais dire quoi au juste ?
Les indigènes me regardaient, incrédules, ils n'avaient
pas l'air content du tout. Tout ceci devait probablement
être contraire aux coutumes du pays !
Dans la voiture du retour, mon mari avait ajouté :
- Ton attitude est inqualifiable.
C'est certain, il avait raison. Mon attitude était inqualifiable
: Je m'étais fait baiser toute la matinée par un vieux cochon
et le lendemain, j'allais recommencer.
C'est sur le lit que je voulais qu'il me pénètre, mon vieux
satyre. Et je voulais qu'il m'engrosse, et je voulais qu'il
m'encule, qu'il me défonce par tous les trous, comme la
petite bonniche vicieuse que j'étais devenue et que je serais
toujours...
Et je ferai tout ce qu'il y a de pire... pour bien choquer
ma psy !
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