Les portes se sont ouvertes, l'embarquement
commence. Je rentre enfin chez moi, New York m'attend !
Un employeur persuasif et une tournée européenne m'ont éloignée
d'elle, ma " Big Apple ", depuis déjà deux mois...
Pour ainsi dire presque aussitôt après l'attentat, qui,
le choc passé, n'a laissé en moi qu'une immense soif de
vivre et de profiter à fond de chaque minute, chaque seconde,
chaque instant.
Me voilà dans l'avion, remontant
l'allée, cherchant ma place. Dans quelques heures, nous
serons arrivés. Dans quelques heures, je retrouverai ma
vie, calme, paisible... Une image surgit soudain dans ma
mémoire, les " Twins " qui s'effondrent... Non,
je ne veux pas y penser, pas maintenant, pas encore! Voilà
mon siège. J'ouvre mon sac, sors mon livre, mon stylo, mon
carnet. Allez, maintenant, une petite séance d'étirements
pour réussir à mettre le sac dans le compartiment à bagages.
C'est l'histoire de ma vie! Avec mon minuscule mètre cinquante
trois, les choses me semblent parfois très hautes et un
peu inaccessibles.
- Laissez-moi vous aider...
murmure soudain une voix derrière moi alors qu'au même instant,
des mains viennent se joindre aux miennes sur la sacoche.
Un frisson me parcourt l'échine,
comme un choc électrique, à ce bref contact. Du coin de
l'œil, j'aperçois un homme immense vêtu d'un uniforme. Je
le sens dans mon dos, son corps épousant le mien, le dominant
de sa mâle stature. Je perçois même sa chaleur, pourtant
il ne me touche pas. En quelques secondes, le sac est rangé.
L'homme a reculé et je me retourne, mon regard tombant sur
un large torse caché par une chemise d'un blanc immaculé,
une cravate, des ailettes, un badge... mes yeux enregistrent
tout cela en remontant vers son visage.
- Merci, dis-je en souriant,
clouée sur place par le charme de magnifiques yeux verts..
- Je vous en prie... répond
le steward en souriant aussi, très professionnel. Si vous
avez besoin de quoi que soit, n'hésitez pas... ajoute-t-il
avant de s'éloigner dans l'allée.
Je me laisse, un peu trop
lourdement, retomber sur mon siège. " Allons ma vieille,
secoue-toi! Pense à Marc, que tu viens de quitter... me
chuchote mon esprit. Dans un mois, il viendra te rejoindre!
Tu l'aimes ton jeune Italien. "
Je chasse toute pensée de
mon esprit et ouvre mon carnet, afin d'y inscrire quelques
notes. Les gens se placent autour de moi et l'avion se remplit.
Bientôt, nous décollerons, survolerons l'océan et je retrouverai
mon Amérique, ma belle " Amerloquie " comme dirait
Marc. Un sourire fleurit sur mes lèvres en pensant à lui
et se fige aussitôt car, en relevant les yeux, je croise
un regard vert, pétillant de malice.
- Vous voulez bien attacher
votre ceinture, Madame? murmure l'homme en uniforme.
- Heu !... oui... oui... bien
sûr...
Bon sang, où ai-je la tête?
Faut-il, en plus, que je me fasse remarquer et que je bredouille
comme une collégienne? Allez, fini de rêver!!! Concentre-toi
et écoute, que diable!!!
Une hôtesse explique aux
passagers les mesures de sécurité. Pas très rassurant tout
cela, surtout en ce moment, et mon esprit s'évade encore.
Si l'on doit s'écraser, eh bien, je garderais en mémoire,
Monsieur "Yeux verts ". Il est debout dans l'allée,
écoutant sa collègue ou faisant semblant de l'écouter! Tu
parles, il doit les connaître par cœur, lui, toutes ces
consignes!
Je me demande soudain s'il
a peur, parfois. Depuis le 11 septembre, tout le monde appréhende
de voyager en avion mais, eux, tous ces gens qui travaillent
à bord, comment vivent-ils cela?
Il semble plutôt calme. Il
est grand, plus d'un mètre quatre-vingt sans doute, il a
de la prestance, de la classe... Il est bel homme et il
le sait. Pas de véritable prétention ni de réelle arrogance
mais, une assurance tranquille...
Le vrombissement des moteurs
me tire de ma léthargie et je redescends de ce petit nuage
rose sur lequel je planais.
L'avion commence à bouger.
"Yeux verts " et sa collègue s'assoient à leur
tour, face à nous. Je range mon carnet, mon stylo et me
cale dans mon siège.
Le plaisir va commencer et
je veux en jouir pleinement.
J'adore le décollage, cette
sensation de vitesse, de liberté... Vitesse de plus en plus
grande qui me colle au dossier et fait courir le sang dans
mes veines... L'avion roule sur la piste... Je souris...
J'anticipe... Je sens mes seins se tendre sous mon chemiser
de soie... Un regard vert croise le mien, s'accroche, s'intensifie...
Un plaisir immense, indescriptible, envahit mon corps...
Mes yeux soudés aux siens, le plaisir monte, monte encore...
Il devine ce qu'il se passe... il le sent... je le sais,
mais je m'en moque et laisse le plaisir grimper, grimper
encore, enfler comme une vague et devenir excitation, exaltation
et presque jouissance à cet instant unique où, s'arrachant
au sol, l'avion se redresse, magnifique et glorieux comme
le sexe d'un amant, et pénètre l'espace de toute sa puissance.
Le souffle plus court, les
yeux plus hagards, nous émergeons doucement de cette bulle
dans laquelle, complices, nous nous étions, lui et moi,
intimement barricadés.
Autour de nous, la réalité
reprend ses droits. Sur un petit sourire de connivence,
de presque tendresse, je le vois se lever et disparaître
derrière une cloison.
Je referme les yeux, je veux
garder l'instant... Combien de temps a-t-il duré? Quelques
secondes, quelques minutes ? ... Un souffle, un rien, qui
pourtant m'ont semblés portion d'éternité.
Il est de ces moments magiques,
où le temps se suspend... Il est des instants fous où un
regard dit tout.
Derrière mes paupières closes
le vert tendresse est là, redisant en silence :
- Je partage ton trouble...
je sais à quoi tu penses.
- C'est bon, si tu savais
- Je le sais... je le vois...
je connais ton désir.
- Alors reste avec moi et
vivons-le ensemble
- Si je le pouvais, je te
prendrais, là, maintenant... tout de suite !
- J'en ai envie aussi
- Je le sais... je le sens
Assise sur mon siège, les
yeux toujours fermés, je sens cette moiteur bien connue
et déjà si présente au creux de mes cuisses et je l'imagine,
lui, à genoux devant moi, les ouvrant tendrement pour venir
s'y désaltérer.
Télépathie... connexion...
simple coïncidence, je l'ignore mais une voix masculine
et déjà presque familière me fait tout à coup sursauter
me libérant de mon fantasme.
- Excusez-moi... Madame,
voulez-vous du café ? me demande-t-il tout haut.
- Non, merci.
- Prend-le, je t'en prie...
chuchote-t-il.
- Heu !... Oui... finalement,
donnez-m'en un, s'il vous plaît... dis-je obéissante, me
demandant où il voulait en venir.
- Voilà, dit-il en posant
le café sur la tablette. Tenez, une serviette.
- Merci.
Un dernier frôlement, une
presque caresse, et il s'éloigne dans l'allée. Le souffle
court, je reste immobile, incapable du moindre mouvement.
Si je prends la tasse, je vais la renverser, c'est certain.
Le mieux est de ne pas bouger. Pas encore. Tant pis pour
le café, je le boirais froid, si je le bois.
D'abord me calmer... contrôler
ces frissons qui me creusent le ventre. Taire ce désir qui
me taraude, noue ma gorge et enserre ma poitrine.
Une profonde et silencieuse
inspiration puis, doucement... tout doucement, une longue
et lente expiration... Voilà c'est bien ma fille, on recommence...
Allez, encore une fois !
De nouveau maîtresse de mes
émotions, je me hasarde à jeter un coup d'œil aux alentours...
Dans un espace aussi restreint, les voisins profitent du
moindre instant d'intimité et je me demande, soudain, si
certains ont vu notre petit manège. Il semblerait que non.
L'un plongé dans un livre, l'autre dégustant son café, ils
paraissent bien loin de se douter de mon trouble.
Rassérénée, je prends la
tasse et, alors que je m'apprête à la porter à ma bouche,
mon regard tombe sur un petit papier plié, caché entre tasse
et soucoupe. Un regard à droite, un autre à gauche, mine
de rien, et le message est dans ma main.
D'abord, avaler le café et
ensuite, on verra. Calmement, je sirote le breuvage et si
je le trouve malgré tout un peu tiède, le papier, lui, me
brûle la main. Un regard à gauche... à droite... tout va
bien et j'entrouvre mon poing.
Mes doigts tremblent en le
prenant... J'aimerais prolonger l'instant... Celui où, à
la fois, excitée et effrayée, j'essaie de deviner son contenu,
muselant ma curiosité, freinant mon impatience. Je redeviens
cette petite fille, sur les bancs de l'école, et comme elle,
je me mets à rêver de mots doux, de baisers et de cœurs...
Mais, je n'ai plus dix ans et le passé s'efface...
En revenant sur terre...
Ah mais non, impossible, comment revenir sur terre, je suis
dans un avion !!! Un regard par-ci... un autre par-là !
Je quitte ma rêverie et ouvre le message.
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Il y a une araignée sur
le dossier du siège.
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Je bondis comme un ressort
en poussant un petit cri et me retrouve dans l'allée, heurtant
un corps robuste et je serais, sans aucun doute, tombée,
si deux bras puissants ne s'étaient vivement refermés sur
moi.
- Un problème Madame ? demande
la voix de mes fantasmes.
- Une a... une a... araignée...
dis-je bêtement.
- Où cela ?
- Heu !... je... heu !...
je ne sais pas...
- Allons, calmez-vous... nous
allons nous occuper de cela... Vous voulez bien me suivre,
s'il vous plaît ?
Et le voilà qui m'entraîne
vers le fond de l'appareil sous le regard amusé des autres
passagers, pendant qu'une hôtesse se met à la recherche
de la dite bestiole. Dès que nous sommes à l'abri des regards,
il me prend contre lui.
- Chut... Calme-toi... Il
n'y avait pas d'araignée... me chuchote-t-il avant de se
pencher sur moi.
- Quoi ?... Espèce de... de...
dis-je en tambourinant son torse de mes poings.
- J'avais trop envie de ça
et toi aussi... souffle-t-il sur mon visage en prenant mes
mains pour les ramener doucement dans mon dos.
J'ai envie de le battre,
ce macho, pour cette peur et cette publique humiliation,
mais déjà, sa bouche est sur la mienne, chaude, douce...
ses dents mordillent tendrement ma lèvre, sa langue cherche
ma langue, l'enlace, danse avec elle. Il aspire mon souffle,
m'offre le sien et, libérées de leurs entraves, mes mains
s'accrochent à ses épaules puis se nouent à son cou, tandis
que les siennes me soulèvent, me plaquent contre lui avant
de remonter sur mes seins pour les modeler, les agacer...
- Viens... souffle-t-il contre
ma bouche. Viens, suis-moi, allons nous rafraîchir.
- Tu es fou...
Il m'entraîne dans les toilettes
et là, referme la porte, ouvre le robinet avant de s'accroupir
devant moi, sa bouche sur mon ventre, ses mains relevant
mon chemisier, découvrant mes seins dont ses lèvres s'emparent
avec avidité.
- Ils vont nous chercher,
dis-je paniquée en lui prenant la tête. Arrête...
- Oui... murmure-t-il en se
relevant et en regardant sa montre. J'aurais une pause dans
deux heures... Rejoins-moi ici, je t'en prie !
Je me suis retournée et,
tremblante, je réajuste mes vêtements puis me passe le visage
à l'eau froide.
- Marika... supplie-t-il
en se collant contre moi.
- Comment connais-tu mon nom
?
- La liste des passagers...
Je m'appelle Youri... Je t'en prie, Marika... dans deux
heures, je serai là... Tu viendras?
- Je ne sais pas... on verra.
Pour le moment, rejoignons les autres, avant qu'ils ne lancent
une équipe de recherche.
- Oui, tu as raison, allons-y
! approuve-t-il en ouvrant la porte.
Je remonte l'allée jusqu'à
ma place et de le sentir derrière moi, me donne du courage...
Alors que je suis presque arrivée à mon siège, une dame
me sourit. Un peu mal à l'aise, je lui retourne malgré tout
un petit sourire aussi.
- Ne soyez pas gênée, me
dit-elle tandis que le rose envahit mes joues. Moi aussi
j'ai peur des araignées. J'aurais fait comme vous.
- Oh !... Je devrais quand
même mieux me contrôler mais, vous êtes gentille, merci.
- Voilà votre siège, me dit
le steward. Je vous laisse.
- Oui... et... merci encore...
pour votre aide.
J'ai réussi à le dire sans
rougir mais, sans vraiment le regarder.
- Il n'y a pas de quoi. Si
vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas, continue-t-il
avec professionnalisme avant de s'éloigner.
Me voilà de nouveau à l'abri,
assise au creux de mon fauteuil. Machinalement, je regarde
ma montre. Dans deux heures, il sera là-bas. Youri... C'est
un joli prénom, un peu exotique, original... Youri... oui,
ça me plait bien. Je songe à ce qu'il vient de se passer.
Pour le message aux mots
tendres, tu repasseras ma vieille! Mais, j'ai, malgré moi,
un sourire attendri. Ma foi, il a le sens de l'humour, et
de l'imagination. Et puis, la douceur de sa bouche, la douceur
de ses mains, la douceur de ses yeux et ce désir qui n'en
finissait pas de monter et de monter encore...
Irais-je le rejoindre?
Quelle folie!!! Pourquoi le
ferais-je? Pour un instant de plaisir dans les minuscules
toilettes d'un avion? Pour un trip excitant, sans doute,
mais, si dangereux à une époque où l'amour peut tuer et
passablement scandaleux si quelqu'un venait à nous surprendre?
Pour éteindre ce feu, qu'il a, sans le vouloir vraiment,
su si bien allumer en moi?
A mon insu quelques vers
d'Antoine Pol envahissent ma tête puis, la voix de Brassens,
les accords de guitare...
"... Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa
pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous
attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais
revus... "
Pourquoi irais-je?
Pour ne pas avoir à regretter,
de ne pas l'avoir fait? Pour vivre, encore un peu, avant
que d'être trop vieille, trop fanée, trop usée? Ou simplement
parce que je suis vivante, là, maintenant, et que demain,
dans un mois, je ne le serai peut-être pas. Saisir l'instant
et vivre chaque jour comme s'il était le dernier. Vivre
intensément.
Parfois, il suffit d'un rien
pour que tout s'arrête. Il suffit d'un avion qui percute
une tour. Il suffit d'un virus. Il suffit d'une guerre,
d'une bombe. Il suffit d'un fou dans une école, une garderie,
une université. Il suffit d'un chauffard ivre ou d'un simple
voyou. Il suffit d'un grain de sable pour tout faire dérailler.
Parfois, un rien suffit et la vie est brisée.
Irais-je le retrouver?
Et Marc, mon ami, mon aimé,
pourquoi ne peut-il m'inspirer une telle passion, un tel
désir? Ne puis-je pas me contenter de son amour, de sa tendresse?
Pourquoi risquer de tout gâcher, de tout casser, de tout
détruire?
Qu'a-t-il de plus, lui, ce
Youri dont je ne sais rien, ne connais rien?
Irais-je le rejoindre?
Les aiguilles courent sur
ma montre. Un quart d'heure et il sera là-bas. Je sens toujours
cette excitation, ce désir bien présent... J'ai envie de
ses mains sur moi... Je veux sentir la chaleur de sa peau
contre la mienne... Contre toute logique, j'ai envie de
lui... Je me fous de l'endroit, pourtant peu romantique...
Je me fous des gens, de ce qu'ils penseront... J'ai envie
de lui... c'est tout!!! Le cœur a ses raisons que la raison
ignore... Le corps a ses raisons aussi...
Je me lève et me dirige vers
le fond de l'appareil. Parfois un regard se pose sur moi
mais, les passagers vaquent à leurs occupations. Pourquoi
en serait-il autrement? Je ne suis pas le centre du monde,
ni de leur monde. Je croise un homme qui revient des toilettes...
Mon esprit s'égare mais, une autre fois, peut-être, m'amuserais-je
à imaginer ce que lui pouvait y faire.
Pour le moment, je ne pense
qu'à moi... Egoïste ?... Oui, tout à fait... Je ne veux
penser à rien d'autre. J'ai simplement envie de ses yeux
qui plongent dans mon âme, envie de son souffle, envie de
son désir. Youri et moi serons seuls au monde, l'espace
d'un instant.
Alors que j'arrive devant
les toilettes, une porte s'ouvre, un bras surgit comme un
diable de sa boite et m'attire à l'intérieur.
A peine un souffle, "
Marika ", et sa bouche se pose sur ma bouche, impatiente,
avide et j'entrouvre la mienne, la lui offre, aussi pressée
que lui, afin que nos langues se caressent, s'emmêlent,
se reconnaissent. Un premier baiser, mouillé, profond...
un premier baiser pour un premier plaisir.
Ses mains redessinent mon
corps, en apprennent les creux, en découvrent les courbes,
tandis que sur sa poitrine je défais les boutons, écarte
la chemise, et sous mes doigts, soudain, une douce toison,
pour un autre plaisir, le mien... J'abandonne sa bouche
et pose ma joue sur son torse puis, mon nez, me délectant
de leur douceur, de leur mâle parfum, à ces poils qui me
rendent folle... Mes lèvres se séparent et ma langue le
goûte, légère, aérienne, elle caresse son ventre... Un souffle,
un gémissement, j'ouvre le pantalon et je le fais glisser
doucement sur ses hanches, entraînant avec lui un boxer
imprimé... Un frisson, un soupir, ma langue glisse encore,
dessinant chaque pli, même le plus infime... Une plainte
étouffée, quelques frissonnements, elle caresse son sexe
orgueilleusement dressé, le parcours, le remonte... De légers
tremblements et puis, un presque cri quand ma bouche brûlante
se referme sur lui et le lèche, le happe, l'aspire, le mordille,
pour un autre plaisir... le sien qui devient mien à le sentir
trembler et l'entendre gémir.
Soudain il se détache, me
saisit, me soulève, me plaque contre lui... Un baiser passionné
et mes seins sur son torse se frottent doucement... Puis
ses mains vagabondes remodèlent mon corps, le galbe d'une
hanche, la rondeur d'une cuisse, et je sens le velours de
sa langue qui glisse en même temps sur ma peau enfiévrée...
Audacieuse, elle explore le plus petit recoin, jusqu'à venir
se perdre au mystérieux triangle de ma féminité... à la
secrète source où elle plonge, nage, et lentement s'abreuve,
insatiable, assoiffée... Et ce plaisir qui monte, qui dure
et s'éternise, et ces frémissements qui n'en finissent pas.
Je le prie, le supplie et
l'implore, je vais mourir d'amour, d'attente et de désir...
Il me prie, me supplie et m'implore, de désir et d'attente
il va mourir aussi... Il me hisse sur lui, me serre à m'étouffer,
s'assoie sur les toilettes puis il me fait descendre, doucement,
lentement sur son membre dressé et vient enfin plonger de
toute sa puissance dans mon sexe qui bat comme un cœur affolé...
Je me soulève un peu lorsque lui se retire pour mieux venir
se perdre au plus profond de moi, dans une symphonie de
plaintes et de soupirs nous entamons la danse lascive ou
effrénée de nos êtres en partance pour l'île volupté.
Où commence son corps, où
se finit le mien? Il est un instant fou où l'on ne peut
le dire, ne devenant qu'un seul au cœur de ce délire et
que s'efface alors tout ce qui n'est pas nous... Une ultime
envolée, nous touchons aux étoiles, j'étouffe mes sanglots,
il avale mes cris, nous bloquons dans nos gorges d'agonisantes
plaintes et, nos corps agités par de violents frissons,
nous mourons foudroyés au sein du firmament... Et nous restons
ainsi, confondus, emmêlés, collés, anéantis, du dernier
de nos souffles au plus petit frisson, accrochés l'un à
l'autre jusqu'à l'apaisement.
Plus tard, rhabillés, recoiffés,
nous sommes de retour à la réalité. J'ajuste sa cravate,
il caresse ma joue, je griffonne des chiffres sur un bout
de papier. Au fond de la poubelle, le sachet vide d'un préservatif
comme unique témoin de ce qu'il s'est passé. Un dernier
baiser, une ultime caresse et je rejoins mon siège pour
ne plus le quitter.
Quelques heures encore puis,
nous touchons la piste et je sors de l'avion sans me retourner.
Nous reverrons-nous, un jour,
au hasard d'un vol ou d'un rendez-vous ? L'avenir le dira...
Quelque part dans le ciel,
au-delà des nuages, nous avions fait l'amour, nous avions
fait l'urgence... Nous avions, simplement, saisi l'instant.
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