Ils étaient en cours de latin en ce vendredi soir de fin
d'année. Un vendredi soir de mai, chaud et moite. Le cours
était ennuyeux, comme d'habitude. Les élèves, accablés de
chaleur et d'ennui, étaient alanguis sur leurs tables.
Jeanne avait hâte de sortir de cette salle. Elle aurait
donné n'importe quoi pour une douche, un jet d'eau fraîche
pour réveiller son corps endormi par la moiteur. Simon devait
venir la chercher à la sortie de la fac...
Et s'ils prenaient une douche crapuleuse tous les deux
? Hum, sentir le corps lisse et légèrement mouillé de Simon
contre le sien, leurs caresses rendues glissantes par l'eau
dégoulinant sur leurs peaux...
Partie dans ses rêves, Jeanne laissa échapper un son de
sa bouche, à mi-chemin entre le soupir et le cri de plaisir.
Ce n'est qu'en sentant les regards des élèves et du professeur
sur elle qu'elle redescendit sur terre et se sentit rougir
doucement.
Son voisin la regardait avec avidité, piqué au vif lui
aussi, un sourire curieux sur les lèvres. Mais qui était-ce
? Il ne lui semblait pas l'avoir déjà vu dans son cours,
et elle le détailla pendant plusieurs secondes, sûrement
quelques-unes de trop, car il se tourna de nouveau vers
elle avec un regard interrogateur. Elle détourna le sien,
mais c'était trop tard : elle était troublée par ce visage
inconnu. Des cheveux bruns bouclés sur un visage fin, la
peau très claire et des yeux décidés, sombres et pénétrants.
Elle fut de nouveau interrompue dans ses songes par une
question du professeur, qui s'impatientait de la torpeur
de ses étudiants. Une fois de plus, elle croisa le regard
du garçon qui lui adressa un petit sourire, comme pour lui
signifier qu'il avait, lui aussi, hâte de s'échapper de
cette salle. Elle se sentait transpercée, possédée, par
ces yeux comme jamais, peut-être, elle ne l'avait été.
Le cours s'éternisait et les pensées de Jeanne ne cessaient
de vagabonder. Echauffée par ces fantasmes de douche câline,
ses rêveries se tournaient maintenant vers l'inconnu, si
près d'elle... Elle n'aurait eu qu'à le toucher pour établir
le contact... Mais contre toute attente, elle ne le fit
pas.
Soudain, comme s'il l'avait entendue, ce fut lui qui la
toucha sous la table. Elle n'aurait pu dire si c'était voulu
ou non, mais elle piqua violemment un fard, de surprise
et de trouble. Il la regarda du coin de l'œil, comme
pour guetter sa réaction et parut s'amuser de provoquer
tant d'émoi chez elle. Elle fronça les sourcils, comme pour
lui exprimer sa gêne et sa colère de ses manières déplacées.
Il parut un peu déçu de se faire rabrouer ainsi et ne donna
plus de signe d'intérêt.
Le cours finit enfin. Jeanne s'en voulait de l'avoir réprimandé
ainsi ; tout ce qu'elle avait gagné, c'était de perdre le
contact avec lui, et surtout ses yeux. Pourtant, quand il
se leva pour partir, il la frôla de nouveau, presque imperceptiblement
et se retourna, comme s'il allait s'excuser. Leurs regards
s'accrochèrent et Jeanne sentit un tremblement la parcourir
: elle était déconnectée de la réalité.
Quand elle revint sur Terre, elle se trouvait dans une
salle qu'elle ne connaissait pas, la bouche de l'inconnu
parcourant son cou dans tous les sens et sans répit. Elle
reprit ses esprits et il le sentit. Il saisit son visage
doucement entre ses mains, plongea ses yeux au fond de ceux
de Jeanne et l'embrassa tendrement. Sa langue contre la
sienne était si douce, et ses mains parcouraient son corps
comme si elles le connaissaient déjà.
Il pressa ses formes contre les siennes et elles s'emboîtèrent.
Il semblait qu'elles aussi se connaissaient... Jeanne n'en
pouvait plus de désir pour ce mystérieux et fougueux amant.
Elle avait néanmoins honte de tant d'alanguissement alors
qu'elle ne connaissait rien de lui, pas même son prénom
! Mais elle ne pouvait s'empêcher de répondre à ses pressantes
caresses, une force irrésistible la poussait à toujours
aller plus loin dans ce déchaînement de passion....
Elle le sentit descendre doucement le long de sa poitrine.
Elle regarda autour d'elle et s'aperçut qu'ils se trouvaient
en fait dans la salle de reproduction de la fac de lettres
: photocopieurs et feuilles de toutes les couleurs composaient
le paysage qui les voyait s'aimer. Elle réalisa surtout
qu'à tout moment quelqu'un pouvait pousser la porte pour
venir faire des photocopies, et ce sentiment d'interdit
lui plut. Mais déjà elle oubliait tout, quand elle sentit
la langue dériver sur ses cuisses...
Elle était assise sur une petite table où les professeurs
déposaient les tas de feuilles, mais déjà elles avaient
volé à travers la pièce sous l'effet de leurs fougueux ébats.
Alors qu'il déposait un chapelet de baisers sur ses cuisses
lisses, Jeanne sentit son amant lui écarter lentement les
cuisses et elle s'allongea pour lui faciliter la tâche.
Il mordillait maintenant l'intérieur des cuisses rosies
par l'émotion, en remontant doucement vers son sexe ouvert,
à sa merci. Elle fut heureuse d'avoir, une fois de plus,
respecté les préceptes de sa mère en matière de lingerie
présentable. Lui ne s'en souciait plus, il avait déjà enlevé
le petit bout de tissu qui protégeait ses fesses.
Il entreprit d'humidifier à l'aide de sa langue le sexe
de Jeanne, mais elle savait que ce n'était pas la peine,
car cette situation l'avait plus qu'excitée. Il s'appliquait
néanmoins consciencieusement et elle crut laisser échapper
un cri, lorsqu'il toucha du bout de sa langue le petit bourgeon
en érection. Il lui sourit, comme il l'avait fait la première
fois qu'elle avait émis ce petit son pendant le cours.
Il prit alors le petit bout entièrement dans sa bouche
et le titilla longuement de ses lèvres enroulées, comme
on l'aurait fait d'un téton. Une de ses mains remonta le
long du corps de Jeanne en une longue caresse, et il vint
mouiller un de ses doigts dans la bouche de son amante.
Elle le suça longuement et avec application, en promesse
d'une récompense future.
Une fois trempé, il glissa ce doigt dans le sexe tout aussi
mouillé de Jeanne, qui cette fois-ci ne put retenir ce soupir
de bonheur qui maintenant la caractérisait auprès de lui.
Tenant toujours son clitoris de sa bouche, il le fit aller
et venir lentement, longtemps, si longtemps qu'elle perdit
la notion du temps et jouit plusieurs fois. Le plaisir s'accrut
encore quand il osa un deuxième doigt, comme une promesse
de sa possession prochaine.
Ses doigts toujours en elle, il fit sauter d'un coup sec
le bouton de son jean. Son membre se tenait, raide et droit,
devant elle. Jeanne mouilla de sa langue ses doigts et le
prit à pleines mains, comme pour faire connaissance. Elle
le dirigea alors directement vers son sexe humide et offert,
et il entra d'un coup, solide et droit.
Lentement il allait en elle, elle se sentait emplie. Et
pendant qu'il la possédait ainsi, il la transperçait de
son regard pénétrant, ce petit sourire indéfinissable aux
lèvres. Elle le regardait d'un air presque effaré, comme
si tout ceci n'était pas réel, mais une telle jouissance
ne pouvait être abstraite...
Elle n'avait jamais connu de plus grand plaisir que celui-ci,
alliage de mystère et de savoir-faire. Leurs corps s'assemblaient,
se reconnaissaient comme par magie. Il n'y avait plus de
limites, Jeanne sentait son corps tendu de plaisir sous
les coups tout en souplesse de son étalon anonyme. Son sexe,
comme son corps, était emprisonné sous ses caresses ; sa
main semblait connaître par coeur les courbes du corps de
Jeanne.
De son autre main, le charmant garçon virevoltait de ses
mains agiles sur le sexe de son amante, le pétrissait avec
délicatesse, s'attardait dans les creux et les monts. Il
caressait avec vivacité et douceur le petit bout plus tendu
que jamais, gonflé de plaisir.
Jeanne était alanguie sur la table d'écolier, pantelante
de satisfaction ; aussi bien prise, elle n'avait plus ses
esprits, et ce garçon qui continuait de la regarder presque
fixement...
L'expression de l'inconnu changea presque imperceptiblement.
Jeanne sentit sa respiration s'accélérer progressivement.
Il se mit, lui aussi, à gémir doucement, puis de plus en
plus fort. Ses mouvements se firent plus longs, plus intenses
et bientôt Jeanne elle-même sentit l'orgasme monter dans
son corps, sous les coups de boutoir de son amant. Elle
commença à crier, et l'entendit crier lui aussi. Ils jouirent
ensemble, violemment, brutalement, comme s'ils avaient trop
longtemps attendu cette délivrance.
Lentement, Jeanne retrouva la raison. Le sexe de l'inconnu
était toujours en elle, et elle aurait voulu le garder longtemps
encore. Il releva la tête et la dévisagea comme on ne l'avait
jamais regardée : avec respect, tendresse et amour, mêlés
dans un sourire. Il se retira d'elle délicatement, et elle
se reposa contre le mur. A peine eut-elle fermé les yeux,
qu'elle entendit le garçon reboutonner son jean. Deux secondes
plus tard, la porte grinçait et se refermait doucement.
Elle ne revit jamais son improbable amant dans les couloirs
de la fac.
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